Eglises d'Asie

Troubles dans les camps de réfugiés après l’annonce de nouvelles procédures de tri et de rapatriement forcé

Publié le 18/03/2010




En faisant connaître son acceptation de principe du rapatriement forcé, le 2 octobre 1991, le gouvernement vietnamien a provoqué un regain d’inquiétude à l’intérieur des camps de réfugiés de Hongkong. Lundi, 7 octobre 1991, dans le camp de Whitehead plus

de 10 000 demandeurs d’asile participaient à une manifestation où étaient déployées des bannières portant des slogans opposés au rapatriement forcé. Par ailleurs, le déplacement de 2 800 personnes hors du centre de détention de Hei Ling Chau a été l’occasion de heurts très sévères entre réfugiés et agents de police. 5 de ces derniers auraient été blessés, tandis que 19 boat-people auraient été arrêtés et transférés au centre de détention de Chi Ma Wan. Les pensionnaires des camps considèrent ces déplacements comme des mesures préliminaires au rapatriement forcé du type de celui qui avait touché 51 demandeurs d’asile en décembre 1989.

La tension a augmenté le 13 octobre 1991 après que la presse (15) de Hongkong eût divulgué l’existence, dans le texte des accords récemment signés à Hanoi (ou encore à signer) (16), de clauses secrètes prévoyant un nouveau type de tri (screening) (17) et de rapatriement forcé. Il est donc probable que les troubles continueront dans les camps de Hongkong.

Comme en avait fait état un porte-parole du Haut-commissariat à Genève, le 2 octobre 1991, le principe du rapatriement forcé des “Vietnamiens ayant quitté leur pays pour des raisons économiques” avait déjà été accepté par le Vietnam au cours de conversations entre la Grande-Bretagne, Hongkong, le Haut-commissariat et le Vietnam, conversations qui s’étaient ouvertes à Hanoi, le lundi 23 septembre, et qui étaient destinées à prolonger des entretiens qui s’étaient tenus à Genève durant l’été.

Il semble bien que, devant le refus vietnamien, les participants aient assez rapidement abandonné un premier projet qui consistait à placer les Vietnamiens classés migrants économiques dans un camp situé en territoire vietnamien, mais administré par les Nations Unies. Par suite, les entretiens ont porté sur la mise en place d’une procédure de rapatriement non volontaire.

C’est cette nouvelle procédure de rapatriement forcé que la presse de Hongkong vient de révéler. On pense que l’accord sur le rapatriement obligatoire signé à Hanoi la semaine dernière (ou encore à signer) contient la mise en place d’une nouvelle procédure simplifiée de tri pour les boat-people récemment arrivés à Hongkong, procédure qui précéderait de très près leur expulsion vers leur pays.

Les détails de ces clauses secrètes ne sont pas connus mais on rapporte que la nouvelle procédure ne concernera pas les 19 400 demandeurs d’asile déjà classés dans la catégorie des non-réfugiés par les services de l’Immigration du territoire. Les nouvelles mesures toucheront la majorité des demandeurs d’asile récemment arrivés dont le statut n’a pas encore été déterminé. On souligne qu’elles s’appliqueront en premier lieu aux 209 vietnamiens revenus une deuxième fois à Hongkong après en être partis dans le cadre du programme des départs volontaires. Les forces de l’ordre de Hongkong auraient déjà reçu des consignes pour favoriser ces nouveaux départs en utilisant la persuasion ou, en cas d’échec de celle-ci, la force.

Les diverses déclarations faites par les autorités vietnamiennes semblent indiquer qu’elles acceptent les mesures actuellement en préparation. Le 3 octobre 1991, un porte-parole des Affaires étrangères déclarait que le rapatriement forcé n’était pas la meilleure des mesures mais que l’on ne pouvait refuser de l’envisager. Dans une interview à “Asiaweek”, le premier ministre, M. Vo Van Kiêt, a déclaré que ce n’est pas la police vietnamienne qui force les “boat-people” à rentrer chez eux, mais les gouvernements des pays de la région. Le Vietnam se contentera de les accueillir et de les réinstaller.

Cependant, malgré les pressions de la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ont réaffirmé leur opposition au retour non volontaire des demandeurs d’asile vietnamiens. Le porte-parole du Département d’Etat a déclaré le 3 octobre: “Notre position sur ce sujet est bien connue

Par ailleurs, au cours des conversations qui ont eu lieu à Hanoi, le Haut-commissariat

a décidé de ramener de 350 dollars à 50 dollars le montant de la somme donnée à chaque demandeur d’asile acceptant de rentrer de son plein gré dans son pays – le montant primitif étant jugé trop élevé et susceptible d’inciter les Vietnamiens à quitter leur pays. Il est encore trop tôt pour juger des effets dissuasifs de cette mesure.

Le nombre de Vietnamiens rentrés au pays dans le cadre du programme de retour volontaire est estimé à 10 000 depuis le mois de mars 1989. 3 559 boat-people sont ainsi revenus chez eux cette année. Mais ce chiffre est bien inférieur à celui des arrivées. Au début du mois d’octobre, on estimait à près de 20 000, le nombre de demandeurs d’asile vietnamiens arrivés sur le territoire depuis le début de cette année. Le nombre total des pensionnaires des camps à Hongkong est, aujourd’hui, d’environ 64 000; seuls 5 154 d’entre eux seulement sont considérés comme des réfugiés politiques.