Eglises d'Asie

Une communauté interreligieuse en parfaite harmonie

Publié le 18/03/2010




Une vieille église dans une ville musulmane: voilà qui peut sembler étrange aux touristes qui visitent Tanjung Sakti, ville de 30 000 habitants à 200 km au sud-ouest de Palembang, siège d’un diocèse catholique et chef-lieu de la province de Sumatra-Sud. Sa présence ne choque pas le moins du monde les habitants du lieu: elle fait partie de leur cadre de vie depuis plus d’un siècle. Elle a été construite en 1889 par le père Johannes van Meurs, pour un petit groupe de chrétiens. Ils sont aujourd’hui 600 dispersés à travers la ville.

Il n’y a jamais eu ici de conflits religieux, et la raison en est peut-être les liens de parenté qui unissent catholiques et musulmans du lieu: tous appartiennent au même groupe socio-ethnique et les mariages sont conclus sans que l’appartenance religieuse crée la moindre difficulté; le curé est d’ailleurs très populaire dans tous les milieux. Il est vrai que la plupart des personnes éduquées sont passées par l’école catholique, sans qu’elles aient jamais eu l’impression qu’on veuille les amener à se convertir. Les enfants des couples mixtes sont instruits sans problème dans la foi catholique.

Un fermier catholique des environs, Romanus Yohanes, dont la femme est restée fidèle à l’islam, témoigne: “Tous mes enfants sont baptisés. Ma fille aînée est religieuse franciscaine de la Charité. Ma belle-mère, musulmane, est venue avec nous au couvent quand sa petite-fille a pris le voile”.

Quant à M. Laurensius Ramo, directeur du collège Saint-François Xavier à Tanjung Sakti, il est d’avis que la jeunesse catholique de l’endroit doit rester vigilante: “Je ne crois pas que cette situation de paix durera toujours chez nous. Il nous faut préparer nos jeunes à faire face à une situation différente un jour ou l’autre”.