Eglises d'Asie

La détresse de réfugiés à demi oubliés

Publié le 18/03/2010




Dans un millier de baraquements construits dans l’est du Népal, sur les bords de la Kankal, vivent quelque 5 000 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants – beaucoup d’hommes auraient été tués -, et le flux de gens qui chaque jour franchissent la frontière bhoutanaise ne tarit guère.

D’après les derniers arrivés, la répression contre les citoyens, qui ne se plient pas aux restrictions – culturelles, linguistiques et vestimentaires – imposées par le régime bhoutanais (1), a repris de plus belle depuis le mois de juin 1991. L’Assemblée nationale a en effet renforcé les mesures, déjà fort sévères, qui frappent les récalcitrants: les hôpitaux ne peuvent même plus accepter les patients qui se présentent sans être habillés selon les règles établies par les bouddhistes intégristes, majoritaires au parlement.

Dans cette affaire, la communauté d’origine népalaise, nombreuse surtout dans le sud du pays, est particulièrement visée, car elle est restée fidèle à sa religion et à ses traditions hindoues. Officiellement on l’estime à 35% de l’ensemble de la population, mais selon d’autres sources elle atteindrait 70%. Elle dispose de 14 députés à la Chambre, mais cinq d’entre eux ont jugé préférable de disparaître.

Quelques nouveaux projets de loi sont à l’étude qui viseraient à empêcher toute action de développement dans le sud du pays, tandis que, dans l’armée et la fonction publique, les candidats d’ascendance népalaise feraient l’objet d’une sélection méticuleuse. Il semble que le roi Jigme Singye Wangchuck ait mis son veto, le 24 octobre 1991, à la promulgation de ces derniers textes législatifs. On pense qu’il redoute un soulèvement populaire.

Les réfugiés n’ont reçu jusqu’à présent, de la part des autorités népalaises, que des paroles d’encouragement: “Nous serons toujours du côté des droits de l’homme”, a déclaré M. Koirala, le premier ministre népalais, qui a aussi promis que son gouvernement interviendrait en leur faveur auprès des Nations Unies. Celles-ci ne semblent pas, jusqu’ici, avoir été saisies du problème de ces réfugiés. En attendant, la Caritas-Népal, aidée par quelques organisations de bénévoles, pare au plus pressé, mais nourriture, médicaments, couvertures font défaut, et le taux de mortalité s’élève.