Eglises d'Asie

La difficile adaptation des “Brésiliens”

Publié le 18/03/2010




Près de 160 000 Brésiliens d’origine japonaise sont revenus au Japon depuis deux ans. Ils sont généralement employés comme main-d’oeuvre non qualifiée dans des secteurs de l’industrie qui réclamaient depuis longtemps qu’on leur permette d’embaucher des travailleurs étrangers. Le manque de main-d’oeuvre est en effet un mal chronique de l’industrie japonaise.

Ces “Brésiliens” sont destinés, dans l’esprit du gouvernement japonais, à remplacer les 100 000 Pakistanais, Bangladeshis, Thaïlandais qui vivent et travaillent illégalement dans le pays après y être entrés avec un visa de tourisme. Le Japon est traditionnellement opposé à l’immigration de travailleurs étrangers qui pourraient mettre en danger son homogénéité culturelle et raciale. Les services d’immigration ont commencé à expulser des Asiatiques après que de nouvelles lois encore plus restrictives aient été passées en 1989 (12).

En même temps, le gouvernement, pressé par les industriels, permettait l’immigration de toute personne ayant des parents ou des grands-parents japonais. En quelques mois, des dizaines de milliers de Brésiliens et de Péruviens d’origine japonaise sont ainsi arrivés au Japon.

Aujourd’hui, les Japonais découvrent que ces immigrés, qui leur ressemblent physiquement, se comportent pourtant comme des étrangers: ils sont bruyants, rient très fort et s’embrassent quand ils se rencontrent; ils parlent mal le japonais, et n’hésitent pas à se plaindre haut et fort à l’occasion. Des journaux et des programmes de radio en portugais avec de la musique brésilienne commencent à naître un peu partout.

Ces nouveaux immigrés ne se plaignent guère de leur travail, pourtant dur, ni de leurs salaires dont ils envoient la moitié à leurs familles au Brésil. Ils semblent cependant avoir beaucoup à dire contre les discriminations dont ils seraient l’objet. “Le peuple du Japon ne nous respecte pas et nous traite comme une espèce de race inférieuredit, par exemple, Roberto Ishizuka. Beaucoup d’entre eux disent qu’ils sont l’objet de discrimination dans les restaurants et les magasins. D’autres expriment des sentiments plus ambivalents: “Quelquefois, je sens que mes racines sont ici et je voudrais apprendre à lire et écrire le japonais; mais quelquefois aussi, je me sens désespéré et je voudrais repartirdéclare Clemente Miyako.

Un membre de l’ambassade du Brésil au Japon estime de son côté qu’il y a eu une déconvenue des deux côtés: “Le Japon s’attendait à ce qu’ils soient restés japonais. C’est un choc culturel pour nos compatriotes autant que pour le Japon. Les choses sont plus difficiles pour les Brésiliens d’origine japonaise que pour les autres étrangers parce que, d’une certaine manière, leurs espoirs étaient différents

Sur les 160 000 Brésiliens d’origine japonaise, la moitié environ est de religion catholique. Leur présence, massive dans une communauté qui ne compte que 425 000 membres, est certainement un défi que l’Eglise japonaise devra relever. Un jésuite brésilien, le P. Lorscheiter, a été désigné pour s’occuper d’eux.