Ceux-ci, dit l’archevêque, membre lui-même d’une des tribus locales, n’avaient pas jusque récemment conscience de l’impact de l’Eglise dans la région. « Ce fut pour eux une véritable découverte », dit-il. Et il ajoute: « Il y a quelques années, personne ne s’occupait des aborigènes. Mais maintenant, on utilise tous les moyens possibles pour affaiblir l’Eglise et empêcher sa croissance ».
L’archidiocèse compte quelque 400 000 catholiques répartis en 87 paroisses. Il possède entre autres institutions 93 écoles secondaires. En 1976, le collège universitaire, nouvellement fondé par le diocèse, était approuvé par le gouvernement de l’Etat, recevait son affiliation à l’université de Ranchi, et était classé parmi les institutions appartenant à une minorité. Mais en 1987, ce statut lui était retiré par le gouvernement de l’Etat qui en profitait pour imposer un comité de gérance du collège, faisant perdre tout leur pouvoir aux autorités diocésaines légitimes. « Ce collège, qui est celui de la minorité catholique, ne nous appartient plus », dit Mgr Toppo, qui se plaint par ailleurs de ce que les enseignants des écoles chrétiennes reconnues par l’Etat n’aient pas reçu leurs salaires depuis 18 mois. « Nous sommes dans une situation désespérée. C’est une sorte de sabotage intellectuel de la communauté chrétienne. Les examens ne peuvent avoir lieu à temps. Les élèves sont inquiets pour leur avenir. Tout le système éducatif est paralysé. Nous ne pouvons faire marcher nos écoles sans l’aide du gouvernement; et celle-ci nous est due, car nos institutions sont ouvertes à tous, quelle que soit leur religion ou leur communauté. Il faut agir, et pas seulement pour le bien de la communauté chrétienne, mais pour celui du pays tout entier, car l’injustice, sous une forme ou sous une autre, affecte toute l’Inde. Nos gens sont organisés. Ils sont prêts à se faire justice eux-mêmes. Mais nous sommes chrétiens, et nous n’utiliserons que des moyens pacifiques pour parvenir à la solution de nos problèmes et obtenir justice ».
Selon le journal catholique de New Delhi, « Indian Currents » du 4 novembre 1991, les autorités gouvernementales de l’Etat du Bihar auraient pris possession du collège universitaire mentionné par Mgr Toppo, avec l’aide de la police. L’affaire est actuellement en appel au tribunal, la Haute-Cour ayant déclaré illégale l’action entreprise par l’Etat du Bihar.