Eglises d'Asie

Libération du P. Lê Thanh Quê après 11 ans de détention.

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la visite du ministre français des Affaires étrangères dans la capitale de la République socialiste du Vietnam, le 25 novembre 1991, les journalistes en poste à Hanoi ont annoncé la libération de trois prisonniers politiques, parmi lesquels le P. Lê Thanh Quê. La date de sa sortie de prison n’a pas été précisée.

Ce père jésuite était le dernier condamné encore en détention du plus grand procès qui ait été intenté contre des catholiques à Hô Chi Minh-Ville: on l’avait appelé, à l’époque, le procès du Centre Alexandre de Rhodes. Le père Lê Thanh Quê avait été le principal accusé d’un groupe de 13 personnes, jésuites et laïcs vietnamiens, arrêtés à la fin de 1980 et au début de l’année 1981. Les inculpés furent jugés, le 30 juin 1983, par le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville. Ils étaient tous accusés de « tentative de renversement du pouvoir légitime et de propagande contrerévolutionnaire ». Aucun des faits rapportés au procès, où avaient été invités des représentants de toutes les communautés catholiques de Hô Chi Minh-Ville, n’avaient fourni le moindre commencement de preuve de cette accusation (22). Le père Quê avait été condamné à 15 ans de prison.

Son dernier lieu d’internement aura été le camp de Xuyên Phuoc dans la province de Phu Khanh. Il souffre, semble-t-il, de troubles d’ordre psychologique. Son confrère, le P. Nguyen Cong Doan, provincial pour la région du Vietnam, condamné à une peine moins lourde, avait été libéré en février 1990 (23).

Avec le père Quê, a aussi été libérée la romancière contestataire, Duong Thu Huong, auteur d’un roman, « Les paradis aveugles », dont la traduction française vient de paraître. On a, en même temps, annoncé la libération, le 29 octobre 1991, de Nguyên Chi Thiên, sans doute le poète le plus talentueux du Vietnam contemporain. Il avait été arrêté une première fois en 1958, à une époque où le pouvoir réprimait la liberté d’expression après l’avoir laissé s’épanouir dans une « campagne des cent fleurs ». Libéré en 1970, il fut arrêté à nouveau en 1979. Peu de temps avant, par l’intermédiaire d’un diplomate anglais, il avait fait parvenir en Occident un recueil de poèmes intitulé « Fleurs de l’enfer » (24), d’une inspiration tout à fait originale et très marquée par l’expérience des camps de rééducation.