Eglises d'Asie

Tension interethnique et interreligieuse: le roi est dans une position difficile

Publié le 18/03/2010




Une situation confuse s’est installée dans le pays (1), et elle est apparue à ce point inquiétante au roi Jigme Singye Wangchuck qu’il a annulé au dernier moment sa participation au sommet de la “SAARC” (2) qui devait se tenir à Colombo dans la première quinzaine de novembre 1991. Le 25 octobre il avait pourtant confirmé sa venue, mais entre-temps lui sont parvenus des rapports selon lesquels des opposants d’origine népalaise mettraient son absence à profit pour susciter des troubles. D’aucuns parlent même d’un complot ourdi avec le soutien secret d’hommes politiques de Katmandou et l’aide directe de mouvements gauchistes indiens.

A Timphu, la capitale bhoutanaise, la version officielle souligne que les difficultés actuelles sont causées par la présence dans le pays de nombreux immigrants illégaux. Sont considérés comme tels tous les “étrangers” qui, lors du recensement de 1988, n’ont pu prouver qu’ils étaient établis au Bhoutan avant 1958. Il existe dans le pays une très forte minorité d’origine népalaise, de culture et de religion très différentes. Les autorités ont donc pris des mesures pour forcer ses membres à s’intégrer au pays ou à partir. Cette politique aurait entraîné le départ “volontaire” de quelque 10 000 “colons du Sud” vers le Népal et l’Inde (3). On ne cache pas l’existence d’un projet destiné à faciliter le transfert de Bhoutanais de souche venus du Nord qui remplaceraient les Népalais qui ont quitté les lieux. Mais le roi n’en a pas autorisé la mise à exécution.

Pour calmer l’agitation provoquée par ces mesures dans les régions à population d’origine népalaise, le roi s’y est rendu en tournée et s’est entretenu avec les habitants; il a fait libérer 800 détenus qui avaient été arrêtés pour “incivisme”. Ce geste a été violemment critiqué par l’Assemblée nationale où prédominent les courants “nationaliste bhoutanais” et “bouddhiste intégriste”. Le monarque, craignant peut-être une insurrection, a demandé à la Chambre de trouver une solution viable et propre à restaurer le calme dans le pays.