Eglises d'Asie

Quinze millions de musulmans convertis au christianisme? Une allégation insensée!

Publié le 18/03/2010




Le professeur Horem Nasution, de l’Ecole publique des études islamiques, à l’issue d’un colloque qui avait rassemblé à Jakarta la jeunesse musulmane de la capitale, a déploré, le 13 octobre 1991, devant des journalistes, l’attitude irresponsable des rédacteurs de l’hebdomadaire islamique “Panji Masyarakat”, ou “Bannière du Peuple”, qui avait repris sans la contrôler une information à sensation publiée à l’étranger, et selon laquelle 15 millions de musulmans indonésiens s’étaient convertis au christianisme depuis 1984. De tels chiffres dépassent l’entendement, a-t-il dit, et il suffit de réfléchir un instant sur les données du recensement de 1990 pour se rendre compte de l’énormité d’une pareille allégation. En effet, expose-t-il, les statistiques les plus récentes indiquent que 85% des 180 millions d’Indonésiens sont musulmans, les 15% restants étant répartis entre protestants, catholiques, hindous et boudhistes. Or, il est possible que “chaque religion ait vu augmenter le nombre de ses fidèles”. Il est improbable que le nombre de chrétiens se soit accru en six ans de 8,5%: “Je ne crois pas, poursuit-il, qu’il y ait autant de musulmans indonésiens qui se soient orientés vers le christianisme”. En fait, le chiffre de 15 millions correspond au nombre actuel des chrétiens; un peu plus du tiers est catholique (11).

Si de telles absurdités, venues de sources étrangères ignorant tout de la situation de l’islam en Indonésie, se réfutent d’elles-mêmes, elles n’en sont pas moins permicieuses dans la mesure où elles “pourraient ébranler la foi de musulmans crédules et nuire à l’harmonie interreligieuse en Indonésie”, a pousuivi le professeur Nasution, en invitant les journaux à vérifier davantage les nouvelles qu’ils diffusent.

Les auteurs de l’article incriminé avaient pris pour argent comptant un article qu’un professeur indien, Ahmad Deedat, enseignant à la mosquée-université Al Azhar, au Caire, avait publié en août dernier dans un magazine de la capitale égyptienne. Lui-même, soucieux de défendre la thèse selon laquelle aucun pays islamique n’échappait à l’influence chrétienne, s’était référé à une étude, parue dans un périodique de Riyad en janvier 1987, qui lui avait fourni ce nombre invraisemblable de conversions indonésiennes.

La publication saoudienne contenait des propos hostiles à l’égard des chrétiens, soulignant que leurs 3 700 instituts missionnaires disposaient sur les trois quarts du globe terrestre d’un personnel évalué “grosso modo” à 250 000 personnes, lesquelles avaient distribué près de 46 millions de bibles au cours de l’année 1986, d’où le danger, pour l’islam dans son ensemble, de ce prétendu raz de marée chrétien.