Eglises d'Asie

Politique religieuse: la méfiance remplace l’idéologie

Publié le 18/03/2010




C’est avec une certaine curiosité que les lecteurs de la presse du soir à Hô Chi Minh-Ville ont pris connaissance de ce qui est, sans doute, un des premiers textes officiels sur la question religieuse depuis le 7ème Congrès du mois de juin 1991. Il s’agit d’un article paru dans « Saigon Giai Phong » (Saigon libéré) du 15 août 1991 (10) et intitulé « Mettre en oeuvre correctement la conception et la politique du Parti à l’égard de la religion au sein de la nouvelle situationLa signature est de M. Châu Quôc Tuân, actuel responsable du bureau des Affaires religieuses pour Hô Chi Minh-Ville.

On avait relevé, dans le rapport politique présenté au 7ème Congrès du Parti communiste à la fin du mois de juin 1991, une double attitude en matière de politique religieuse (11). Les observateurs notaient d’une part l’émergence d’une conception plus positive du rôle social des religions mais, par ailleurs, ils constataient la survivance de la vieille méfiance du communisme vis-à-vis de l’inspiration religieuse. On pouvait alors se demander quelle serait l’attitude qui prévaudrait au sein de l’équipe dirigeante partiellement renouvelée, mise en place au Bureau politique après le congrès.

Cet article pourrait bien être le signe que désormais, au moment où disparaît le poids de l’idéologie, c’est la méfiance qui constitue l’essentiel de la politique religieuse du Parti – ce que l’on soupçonnait depuis déjà quelque temps au Vietnam. La conclusion de l’article ne laisse plus beaucoup de doutes à ce sujet: « Aujourd’hui, on utilise contre nous la crise des pays socialistes (…). Il nous faut renforcer notre vigilance, interdire sévèrement et neutraliser les activités qui se servent de la religion pour saboter l’indépendance et l’union nationale, pour s’opposer au socialisme et empêcher que les fidèles accomplissent leur devoir civique. Ainsi, nous garantirons la liberté de croyance du peuple en même temps que nous assurerons la stabilité et le développement du paysIl s’agit bien entendu de la « stabilité » politique et du « développement » économique qui sont les deux maîtres mots de la politique actuelle du gouvernement.

Si cet article est représentatif de la nouvelle politique religieuse, et il a des chances de l’être, la reconnaissance du rôle social de la religion, par le rapport politique présenté au 7ème congrès, pourrait bien n’être qu’une considération stratégique, évaluant un simple rapport de forces entre les institutions religieuses et le pouvoir.