Eglises d'Asie

Un questionnaire en vue des élections

Publié le 18/03/2010




En vue des élections présidentielles, provinciales et municipales qui doivent se dérouler en mai 1992, le “Conseil pastoral pour des élections sérieuses” (1) et le Conseil des laïcs des Philippines ont publié un questionnaire destiné à guider les électeurs catholiques dans le choix de leurs candidats.

L’enquête porte sur quatre aspects de la personnalité et de la conduite du candidat.

l. La personnalité du candidat: est-il un homme de Dieu?

S’il est chrétien, vit-il selon les préceptes de l’évangile? S’il s’agit d’un non-chrétien, est-il fidèle à sa propre religion? Par exemple, s’il est musulman, observe-t-il le Coran? Quelle est sa vie morale? En particulier, comment se conduit-il en matière sexuelle? Est-il un homme de caractère et ceux qui le voient ont-ils envie de l’imiter?

Fait-il preuve d’un véritable esprit de service? Son désir d’être élu est-il inspiré par une volonté de servir avec dévouement et désintéressement? Montre-t-il ces mêmes qualités dans sa vie personnelle, familiale, professionnelle, ainsi que dans sa participation à la vie associative? Lorsqu’il doit s’imposer, le fait-il de façon constructive, cherchant à édifier plutôt qu’à détruire, à guérir plutôt qu’à diviser, à servir plutôt qu’à être servi?

Est-il un artisan de paix, de justice et d’amour? Sait-il réconcilier les extrêmes sans pour autant renoncer à ses principes? Condamne-t-il clairement la violence et le vice? Sait-il écouter toutes les parties en présence et faire abstraction de ses attaches familiales ou personnelles? Est-il convaincu de la nécessité d’une administration honnête de la justice et du respect des lois? Sait-il tempérer la justice par la charité, évitant ainsi d’aliéner l’autre?

Est-il intègre, honnête en pensées, en paroles et en actes? Respecte-t-il les autres? L’honnêté et l’intégrité tiennent-elles une place éminente dans sa vie familiale et professionnelle, dans la conduite de ses affaires privées comme dans ses attitudes publiques? Accepte-t-il de soumettre ses actes et ses décisions à l’examen d’autrui?

Est-il compétent? Son expérience et sa formation lui permettront-elles de remplir la fonction à laquelle il désire être élu? Sait-il comprendre et analyser les points essentiels d’une situation? Sait-il trouver des solutions aux problèmes qui se présentent à lui? Sait-il entrer en contact avec les gens? Possède-t-il le sens de l’urgence des choses à faire, mais tempéré par une analyse des faits et des données diverses? Est-il un leader capable de travailler avec d’autres, avec un sens profond de la communauté?

2. Le candidat devant la Constitution, la démocratie, le pays

Est-il prêt à défendre à tout prix la Constitution et les institutions démocratiques? Est-il capable d’inspirer aux citoyens l’amour de leur patrie et de les entraîner à sa suite pour travailler ensemble à son progrès? Saura-t-il les éveiller au sens de la nation et leur inspirer cet orgueil national qui va au-delà des liens familiaux et régionaux?

Quelle est son attitude vis-à-vis des pauvres? Epouse-t-il leur cause sans équivoque? Par sa parole, son action, son témoignage, encourage-t-il les autres à partager avec les pauvres, à les servir, à vivre simplement comme eux, à vivre et à travailler avec eux, à se mettre à leur école? Conçoit-il que la propriété n’est pas un droit absolu, mais un privilège, une bénédiction donnée en vue du bien commun et non d’un profit égoïste?

Croit-il à la primauté de la vie: s’oppose-t-il à toute action qui aurait pour but de terminer, abréger ou prévenir la vie? Encourage-t-il un respect absolu pour la vie et s’efforce-t-il de promouvoir une société qui ne mettrait pas en avant la violence, le sexe, la drogue et toutes autres formes d’outrage à la dignité de la vie humaine? Manifeste-t-il concrètement sa conviction et son engagement en faveur de la vie et se propose-t-il de contribuer à démanteler les structures qui perpétuent ces atteintes à la vie humaine?

Entretient-il de bonnes relations avec l’Eglise catholique, dans les domaines où c’est nécessaire et même s’il n’est pas lui-même catholique? Considère-t-il les fidèles des autres religions comme des enfants de Dieu, aimés d’un même Père?

Comme candidat au poste de président, de gouverneur ou de maire, possède-t-il la vision qui lui permettra de mettre au point des plans d’action ou des programmes de gouvernement tenant compte des problèmes économiques et sociaux? Dans son programme, formule-t-il des but précis, à atteindre grâce à des projets et des calendriers réalistes et capables de produire les résultats attendus? Tient-il suffisamment compte du “pouvoir du peuple”? Saura-t-il choisir des collaborateurs compétents qui formeront avec lui une véritable équipe et partageront sa façon de voir et son action?

3. Son histoire personnelle

Le candidat est-il un leader confirmé, doué des qualités ci-dessus énumérées? Sa conduite dans les affaires publiques et ses engagements personnels démontrent-ils ses qualités de leader?

Est-il sincère, fait-il preuve d’ouverture d’esprit? Sait-il respecter les idées des autres? Sa faculté de jugement a-t-elle déjà été mise à l’épreuve?

Son attitude, sa carrière, son style de vie le montrent-ils sous son vrai jour et permettent-ils de deviner ses véritables convictions?

4. Ce qui pourrait disqualifier un candidat

Est-il malhonnête, corrompu? Est-il plus riche qu’il ne devrait l’être?

Quelles sont ses relations? Dépense-t-il plus que ses moyens connus ne devraient le lui permettre? Vit-il de façon tapageuse? Joue-t-il? Court-il les femmes? Boit-il?

Est-il ambitieux dans sa recherche du pouvoir et des richesses? A-t-il tendance au népotisme, au favoritisme?

Est-il un “béni-oui-oui”, incapable de prendre position ou de se dévouer à une cause? Dit-il “amen” à tout, par paresse ou par opportunisme?

Est-il connu pour recourir aux armes, aux services de malfaiteurs ou pour graisser la patte aux gens, dans son travail ou au cours de la campagne électorale?

Comment noter le candidat? Compter 40 sur 100 pour le 1; puis 20 sur 100 respectivement pour le 2, le 3 et le 4.

Pour le n° 4, une réponse affirmative aux questions sur la violence et la corruption devrait disqualifier définitivement un candidat.