Eglises d'Asie

A propos de l’ordination épiscopale de Dalat: le P. Huynh Công Minh élève la voix.

Publié le 18/03/2010




“Comment (les catholiques) pourraient-ils croire à la sincérité de la politique de respect des religions appliquée par le Parti et l’Etat?”. Cette invective est extraite d’une interview donnée à l’hebdomadaire catholique de Saïgon (14) par le P. Huynh Công Minh, récemment nommé deuxième vicaire général du diocèse de Hô Chi Minh-Ville (15). Les propos du prêtre, ancien député à l’Assemblée nationale, mettent vigoureusement en cause le comportement des autorités lors de l’incident qui a marqué la préparation des cérémonies de la consécration du nouvel évêque auxiliaire de Dalat, qui ont eu lieu le 3 décembre 1991 (16).

Un mois durant, avant la date prévue pour la cérémonie, avec l’autorisation des autorités régionales, les catholiques de Dalat avaient préparé à grand frais, dans le vaste stade municipal de la ville, le lieu où devaient se dérouler les cérémonies et l’avaient équipé de telle façon qu’il soit capable d’accueillir une foule que l’on évaluait au moins à 40 000 personnes. Quatre jours auparavant, un ordre venu “d’en haut” avertissait l’archevêché que la consécration aurait lieu devant la cathédrale, ce qui obligeait les organisateurs et leurs collaborateurs à tout recommencer dans un laps de temps des plus réduits. Le jour de l’ordination épiscopale, l’étroitesse des lieux aux abords de la cathédrale n’a permis qu’à peu de fidèles de participer activement aux cérémonies.

C’est surtout ce contrordre de dernière minute qui a provoqué l’irritation du P. Minh. Les rumeurs selon lesquelles on aurait fait obstacle à la circulation de cars transportant des catholiques de la région du Hô Nai vers Dalat, n’ont, semble-t-il, pas été vérifiées.

Dans l’interview où il exprime son indignation, le père Huynh Công Minh n’a eu que quelques mots pour se réjouir de l’impressionnante réussite de la cérémonie religieuse. Il a tout de suite formulé ses critiques à l’égard de l’attitude adoptée en cette occasion par les autorités: “Comment les participants de la cérémonie de ce jour-là pourraient-ils porter des appréciations favorables sur les autorités et le régime politique qui est le nôtre? (…). Ceci n’est pas de la propagande colonialiste ou impérialiste, ni une calomnie, mais une réalité dont les gens ont fait l’expérience: les autorités révolutionnaires oppriment les catholiques et leur font violence. Ce ne sont pas seulement les participants à la cérémonie, mais tous les catholiques qui sont obligés de penser cela

Les raisons de sécurité alléguées par les autorités pour transférer la cérémonie à la cathédrale sont, selon le P. Huynh Công Minh, de peu de poids, car il était plus facile d’assurer la sécurité sur le terrain du stade initialement prévu. Le P. Minh a ajouté que les catholiques avaient montré en cette occasion une discipline digne d’éloges. Ce n’est pas la peur, mais bien la maîtrise de soi, qui les a poussés à éviter de se livrer à toutes formes de manifestations publiques comme ils en auraient eu le droit. Cette sanction a été d’autant plus injuste pour les catholiques que, de l’avis de l’ancien député, ils ont largement montré leur esprit de collaboration et leur patriotisme. Le sang-froid qu’ils ont gardé durant les cérémonies montre à l’évidence le niveau de leur conscience politique.

A la fin de son exposé, le P. Minh adoucit pourtant ses propos, en disant qu’il ne doute pas de la politique de l’Etat et du Parti. Il laisse entendre que la responsabilité de l’incident incombe aux autorités régionales de Dalat.