Jusqu’à maintenant, les choses se sont assez bien passées et l’on n’a pas connu la violence qui avait marqué la première marche: à l’époque, on avait déploré plus de mille morts dans toute l’Inde. Mais de vives critiques apparaissent dans la presse.
C’est ainsi qu’un écrivain connu du sud de l’Inde, M. Mulk Raj Anand, écrit, par l’intermédiaire du quotidien “The Hindu” de Madras, au professeur Murli Manohar Joshi, un intellectuel du BJP: “Je sais bien que vous voulez mener votre parti au pouvoir au nom de l'”Hindouité” (Hindutva). C’est d’ailleurs ce que proclamait le chef du RSS (organisation paramilitaire proche du BJP) lorsqu’il disait: ‘La nation hindoue ne peut que laisser à l’écart de la vie nationale ceux qui ne lui appartiennent pas, par la race, la religion, la culture, la langue. Si ces étrangers désirent habiter chez nous, ils doivent adopter la culture et la langue hindoues, révérer la religion hindoue, se confondre dans la race hindoue. Sinon, ils seront entièrement soumis à la nation hindoue, sans avoir le droit de rien demander, ni bénéficier d’aucun privilège ou traitement préférentiel. Ils ne jouiront même pas des droits liés à la citoyenneté'”.
M. Anand continue: “Lorsque vous hisserez vos couleurs à Srinagar (la capitale du Cachemire, Etat du nord-ouest de l’Inde en révolte contre le gouvernement fédéral depuis les premiers jours de l’indépendance en 1947, vos ennemis théocrates du Pakistan vont sans aucun doute intensifier leurs assassinats, leurs enlèvements, leurs pillages et répandre leurs mensonges dans le monde entier.”
Le BJP se vante d’avoir, au cours des dix dernières années, converti à l’hindouisme plus de cent mille musulmans et chrétiens. En certaines régions de l’Inde, on assiste à une recrudescence des activités du BJP ainsi que de ses alliés du RSS et du Shiv Sena. Dans un village près de Bangalore, par exemple, des fondamentalistes hindous ont démoli une hutte-chapelle et détruit la croix érigée peu de temps auparavant par la communauté chrétienne de l’endroit. Ils se sont même emparés du terrain, qui avait été acquis tout à fait légalement par le curé de Rajajinagar. La presse locale accuse les missionnaires étrangers d’acheter les conversions: “refrain connu”, disent les intéressés.