Eglises d'Asie

Nouvelles querelles raciales et linguistiques

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens du Karnataka et du Tamil Nadu se trouvent de nouveau mêlés à des querelles qui les affectent gravement, puisque plusieurs milliers d’entre eux ont dû fuir, abandonnant maisons, récoltes et bétail. L’affaire a commencé en novembre 1991, avec un jugement de la Cour suprême affectant une quantité importante de l’eau du fleuve Cauvery aux cultivateurs du Tamil Nadu, au détriment, semble-t-il, des habitants du Karnataka. Le 10 décembre 1991, ce jugement était entériné par le gouvernement fédéral.

Le fleuve Cauvery prend sa source dans l’état du Karnataka, en irrigue la partie sud avant de passer au Tamil Nadu qui, à son tour, en utilise les eaux. Plusieurs barrages dans l’un et l’autre Etat régularisent le cours du fleuve, tout en permettant de cultiver riz et canne à sucre sur plusieurs centaines de milliers d’hectares.

Dès la publication dans le journal officiel de la décision fédérale, le gouvernement du Karnataka lançait un appel à la grève générale. Celle-ci était prévue pour le 13 décembre 1991. Mais dès le 11, les violences commençaient à Bangalore, la capitale de l’Etat, à Mandya, le chef-lieu du district principalement affecté par l’ordre du gouvernement central et à Mysore, centre d’un district ayant frontière commune avec le Tamil Nadu et le Kerala. Les Kannadigas (habitants du Karnataka) s’attaquaient au Tamouls et la querelle, commencée pour une affaire de partage d’eau, devenait une guerre linguistique et raciale.

Le 19 décembre, à Gudalur, dans le district de Ootacamund (Tamil Nadu), des Tamouls originaires du Sri Lanka, s’attaquaient aux Kannadigas employés dans les plantations de café de la région. Quelque trois cents familles devaient fuir, vers les centres de Kollegal, Chamarajnagar, Gundlupet, H.D. Kote, dans le district de Mysore. Ce qui provoquait la colère des Kannadigas de ces régions contre les Tamouls.

Près de Kollegal, la paroisse de Jakahalli, peuplée de catholiques tamouls, a vu toutes ses maisons pillées et brûlées. A quelques kilomètres de là, Prakashapalayam, une paroisse partagée à peu près également entre les deux groupes, a perdu d’un seul coup toutes ses familles tamoules qui se sont enfuies vers les communautés voisines de Thomayarpalayam et Martalli, où, les Tamouls étant les plus nombreux, personne n’a osé les attaquer. Dans la région de H.D. Kote, non loin de la frontière avec le Kerala, le P. C.D. Joseph, curé de Jampanahalli, lui-même un Kannadiga, devait, le jour de Noël, transformer son église en centre d’accueil pour au moins trois mille Tamouls, dont une bonne partie de chrétiens, venus là chercher refuge avant d’être évacués sur la ville de Manatanavadi.

Cette « guerre » a fait au moins 50 morts chez les Tamouls et 20 chez les Kannadigas, ainsi que plus de 50 000 réfugiés, surtout des Tamouls. Le premier ministre du Karnataka a bien demandé à ceux-ci de revenir reprendre leur place dans l’Etat.