La liberté religieuse est certes reconnue par l’Etat, admet M. Djohan Effendi, un musulman qui fut autrefois élève des PP. jésuites à Yogjakarta, mais ce n’est pas un cadeau qu’il fait là aux citoyens, puisque, en fait, il s’agit d’un droit de l’homme et d’un don de Dieu, fait-il valoir. Il signale aussi les failles qu’il constate dans la politique religieuse actuelle, notamment le fait que toute conversion est suspecte aux yeux des autorités, qui excluent de leur horizon tout ce qui ne relève pas de l’une des cinq religions reconnues: islam, hindouisme, bouddhisme, protestantisme, catholicisme. C’est là le signe d’une indéniable étroitesse d’esprit, déclare ce spécialiste de l’histoire des religions, qui est aussi conseiller du gouvernement. La suppression de toute autre forme de culte ne peut qu’être frustrante pour les communautés qui les pratiquent, fait-il remarquer, et elle constitue par là un danger pour la paix civile.
Par aileurs, le Rév. Victor Tanja, islamologue protestant, regrette lui aussi que le “droit de se convertir à la religion de son choix”, tel qu’il est formulé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, ne soit pas explicitement mentionné dans les textes indonésiens traitant de la liberté de religion. Le moindre malentendu sur cette question serait, d’après lui, susceptible de dégénérer en tensions interreligieuses, spécialement entre musulmans et chrétiens. Il note que, bien que les contacts sociaux soient nombreux, ni les uns ni les autres ne prennent la peine de s’interroger sur les convictions qui sont les leurs, et donc, conclut-il, “il n’est pas étonnant que les préjugés continuent à sévir même à l’intérieur d’activités communes”.