Eglises d'Asie – Inde
Arunachal Pradesh: premier grand rassemblement des chrétiens
Publié le 18/03/2010
Ce rassemblement de catholiques n’aurait rien d’extraordinaire, s’il n’avait eu lieu dans des circonstances tout à fait particulières. Il avait été entièrement organisé par les laïcs. Et il ne pouvait en être autrement puisque la chrétienté d’Arunachal Pradesh ne possède pas de clergé. Les missionnaires, prêtres ou laïcs, sont en effet interdits d’entrée dans l’Etat. La plupart des concélébrants du 19 janvier n’avaient pu, jusqu’à ce jour, passer la frontière de l’Etat. Depuis l’indépendance en 1947, le gouvernement indien veille, en principe, à ce qu’aucun missionnaire, hindou ou chrétien, ne pénètre dans cette région du nord-est de l’Inde, afin de préserver la culture originelle de ses habitants aborigènes. En fait, nombre d’institutions d’obédience hindoue ont obtenu la permission: elles ont même été encouragées à s’installer en Arunachal Pradesh.
Malgré les persécutions dont les chrétiens font l’objet (1), l’évangélisation, commencée en 1977, a connu une progression fulgurante puisque les 30 catholiques du début sont devenus 50 000. L’Etat compte 900 000 habitants. Cette évangélisation a été uniquement menée par des laïcs qui, eux-mêmes, se rendent dans l’Assam voisin pour recevoir instruction et sacrements.
10 000 personnes ont participé au rassemblement, organisé dans le but d’obtenir pour les chrétiens, “la liberté de pratiquer la religion de leur choix”. Des ministres et des députés chrétiens des Etats voisins s’étaient déplacés. Le premier ministre (non chrétien) d’Arunachal Pradesh a lui-même été accueilli par l’assemblée au cours d’une réception officielle, le 18 janvier: il est vrai que les chrétiens commencent à devenir une force politique dont il faut tenir compte pour les élections. Si l’expansion de l’Eglise continue sur le même rythme, ils pourraient même assez vite devenir majoritaires dans l’Etat.
Un industriel catholique de Bombay a ainsi commenté l’événement: “J’ai aimé ce rassemblement, car il était le fait du peuple, et non des prêtres et des religieuses”.