Eglises d'Asie

L’archevêque de Delhi: “le problème de l’unité nationale doit être abordé dans le respect des particularismes”

Publié le 18/03/2010




Le problème de l’unité nationale doit être abordé de “façon objective, sans aucun préjugé et dans le seul but de trouver une solution”. Mgr Alan de Lastic, archevêque de Delhi, participant, le 31 décembre 1991 à la réunion du “Conseil pour l’intégration nationale”, lance un avertissement aux autorités politiques de l’Inde. Celles-ci doivent faire face à de forts mouvements séparatistes au Cachemire et au Pendjab.

Faisant allusion à la violence qui sévit un peu partout dans le pays, l’archevêque commente: “Lorsque nous voyons dans notre pays tant de violence, de terrorisme, lorsque tant d’innocents sont massacrés, nous ne pouvons que baisser la tête avec honte. La violence n’est rien d’autre que le résultat de l’injustice”. Le prélat définit celle-ci comme “le refus de reconnaître la dignité de la personne humaine… une violation des droits fondamentaux des hommes”. Il prévient: “Si nous ne sommes pas prêts à analyser les causes (de la violencesans passion, avec réalisme et courage, nous allons tout droit à une balkanisation de l’Inde”.

Le Conseil pour l’intégration nationale réunit les premiers ministres des différents Etats de l’Union indienne, les représentants des grands partis politiques et des citoyens éminents. Son rôle est de conseiller le gouvernement sur les problèmes de castes, de société, ainsi que sur le terrorisme. La réunion du 31 décembre 1991 a eu lieu à la fin d’une année particulièrement marquée par la violence. Dans le seul Etat du Pendjab, où les sikhs militent pour leur indépendance, plus de 4 500 morts ont été à déplorer. Au Jammu-et-Cachemire, dont la majorité musulmane se bat elle aussi pour son indépendance, 1 400 personnes ont été assassinées et les querelles de caste ainsi que les rivalités entre hindous et musulmans ont fait au moins mille victimes.

Mgr de Lastic demande au gouvernement de bien examiner les conditions économiques et sociales des Etats qui réclament leur indépendance. D’après lui, ils se sentent “aliénés du reste de la nation et il faut trouver les causes de ce sentiment”. Tout essai d’intégration devrait “respecter les particularismes des différentes communautés, sans se préoccuper des intérêts du parti au pouvoir, ni des désirs de certains groupes ou organisations”. Cette dernière expression se rapporte sans doute aux groupes fondamentalistes hindous.