Eglises d'Asie

LIBERTE DE CROYANCE ET LIBERTE DE RELIGION Contribution au projet de Constitution (1)

Publié le 18/03/2010




« Le citoyen jouit de la liberté de croire ou de ne pratiquer aucune religion.

Les lieux de culte villageois, les pagodes, les églises, les temples et les autres lieux de culte publics des diverses religions sont protégés par l’Etat.

Les religions sont égales devant la loi. Personne ne peut violer la liberté de croyance, de religion ou utiliser les croyances, la religion pour aller à l’encontre de la loi ou de la politique de l’Etat »

(article 67 du projet de Constitution).

Dans le cadre restreint d’un journal, je limiterai ma contribution à l’article 67 du projet de Constitution, article relatif à la religion.

1 – Au premier paragraphe de l’article, le mot « liberté » est associé au mot « croyance » et non pas au mot « religion ». Au paragraphe 3 , la phrase « personne ne peut violer la liberté de croyance, de religion » en bonne logique peut s’interpréter: « personne ne peut violer la liberté de croyance, (la liberté) de religion ».

Ainsi, la façon de s’exprimer de l’article 67 n’est pas claire. En effet, à ma connaissance, le mot « croyance » concerne ce que l’on croit dans son coeur et dans son esprit. La « religion », c’est la manifestation extérieure de ces croyances.

A la réflexion, je me dis que ce qui se passe dans mon esprit et dans mon coeur ne peut être l’objet (2) d’une loi. Ce qui signifie que les croyances n’ont pas besoin d’être protégées par la loi. La Constitution ne devrait donc pas parler de liberté de croyance. Elle devrait parler de liberté de religion.

2 – La phrase « Pratiquer ou ne pas pratiquer une religion » peut être comprise en deux sens:

Ou bien, il s’agit d’une explication de la liberté de croyance: la liberté de croyance, c’est le pouvoir de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion. Si telle est l’idée du législateur, je considère qu’il n’a pas encore fait la distinction entre « croyance » et « religion ».

Ou bien, on sous-entend les mots « la liberté de » ce qui donne la phrase: « Le citoyen jouit de la liberté de croire et de la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion ». Si cela est véritablement l’idée du législateur, pourquoi ne pas avoir écrit: « Le citoyen jouit de la liberté de croyance et de la liberté de religion » ou plus simplement « le citoyen jouit de la liberté de religion », de même qu’à l’article 66, il est dit qu’il jouit de la « liberté d’expression », de la « liberté de presse ».

3 – L’article 67 du projet de Constitution fait également mention des lieux de culte des diverses religions. Or, s’il existe des lieux de culte, c’est parce qu’ils sont nécessaires aux activités religieuses. Pourquoi donc la Constitution ne fait-elle aucune mention de ces activités?

4 – En dehors des lieux de culte, les religions ont aussi des établissements où se déroule la vie des religieux et des spécialistes de la religion (3) (les monastères, les séminaires). Ces établissements, qui ne sont pas des lieux de culte, sont-ils aussi protégés par la loi?

5 – L’article 73 du projet de Constitution affirme: « L’Etat posera les conditions pour que les Vietnamiens établis à l’étranger contribuent à l’édification de leur patrie … » Pourquoi donc l’article 67 ne parle-t-il pas, d’une manière comparable, des religions qui sont des organisations qui ont beaucoup de possibilités dans les domaines éducatif, moral, social, etc.

A l’occasion de cette campagne destinée à recueillir notre contribution à l’amendement de la Constitution de 1980, je voulais exprimer ces quelques opinions en souhaitant participer ainsi à l’établissement de fondements juridiques aptes à favoriser le développement d’un humanisme intégral (4).