Eglises d'Asie

Une mise au point à propos des anciens aumôniers militaires

Publié le 18/03/2010




« Il n’y a plus d’aumôniers militaires en camp de rééducation au Viêtnam » vient de déclarer à une revue mensuelle de langue vietnamienne (18) le Père Tran Quy Thiên, récemment émigré aux Etats Unis, après plus de treize ans de séjour en camp de rééducation. Jusqu’à ces derniers temps, on s’interrogeait encore sur le sort d’un petit nombre d’anciens aumôniers militaires. Au mois de juin 1991, « Amnesty International » s’inquiétait au sujet de quatre d’entre eux qui, peut-être, n’étaient pas encore libérés (19). Le P. Thiên qui, avant 1975, a longtemps occupé de hautes fonctions au sein de l’aumônerie militaire catholique, apporte aujourd’hui des précisions très importantes sur un sujet dont il a été tant de fois question au cours des 15 dernières années.

Au mois d’avril 1975, à la veille de la chute du régime, les aumôniers militaires en activité étaient 139 (appartenant ou non aux cadres de l’armée). Deux mois plus tard, 116 d’entre eux étaient conduits en rééducation ou en prison. 23 avaient préféré s’embarquer pour l’exil avant ou après le 30 avril 1975 (date de la chute de Saïgon). Selon les déclarations du P.Thiên, au début de l’année 1990, tous ceux qui étaient soumis à la rééducation pour avoir exercé les fonctions d’aumônier militaire avaient été libérés.

Cependant ils n’ont été que 107 anciens aumôniers à revenir au Sud-Vietnam. En effet, 9 d’entre eux étaient morts pendant leur séjour en camp ou immédiatement après leur libération. Dans son interview, le P. Thiên raconte les circonstances souvent tragiques de leurs décès. C’est le P. Nguyen Van Ban, devenu gardien de buffles, qui mourut le premier, en 1976, dans le camp de Yên Bai, au Nord. Le second, le P. Hoàng Manh Hiên, est mort dans un cachot d’un camp de Vinh Phu, après des nuits de torture. Trois autres sont morts dans les années qui ont suivi. D’autres étaient à la dernière extrémité au moment de leur libération et leur décès a eu lieu peu après leur sortie de camp. Le P. Thiên signale aussi la disparition définitive de deux aumôniers alors qu’ils essayaient d’échapper à la police.

L’interview de l’ancien aumônier militaire contient par ailleurs un compte rendu précis de la situation actuelle de tous ces prêtres récemment libérés. Sur les 107 anciens pensionnaires des camps de rééducation, dix seulement ont eu la permission de reprendre l’exercice de leur ministère en paroisse. Tous les autres en ont été empêchés. 54 ont été assignés à résidence dans leur famille. Les 43 autres ont été accueillis dans des maisons de retraite pour prêtres.

Tous les chiffres cités par le P.Thiên proviennent d’un rapport composé par un groupe d’anciens aumôniers militaires et présenté à la dernière Conférence épiscopale du Vietnam au mois de mai 1991. Il faut aussi préciser que les déclarations du P. Thiên ne concernent pas les prêtres non aumôniers militaires, envoyés en camp de rééducation pour d’autres raisons.