Eglises d'Asie

Le président Lee Teng-hui et les missionnaires étrangers

Publié le 18/03/2010




Le 24 janvier 1992, le président Lee Teng-hui a organisé une réception pour 200 prêtres, religieux et religieuses étrangers. Il a exprimé à cette occasion toute l’admiration qu’il éprouvait pour leur contribution au développement de la société de Taiwan et à l’évangélisation. Le témoignage des missionnaires, a-t-il déclaré, est « la manifestation la plus haute et la plus éclatante de la nature humaine

C’est la première fois qu’un si grand nombre de missionnaires étrangers est invité à rencontrer officiellement les autorités gouvernementales. Jusqu’à présent, seuls de petits groupes étaient, de temps en temps, invités à un échange de vues avec le président Lee Teng-hui.

De son côté, le Kouomintang, parti au pouvoir à Taipei, avait aussi invité 178 missionnaires étrangers, le 23 janvier 1992, à un dîner organisé à l’occasion du nouvel an lunaire. Le ministre des Affaires étrangères, M. Fredrick Chien Fu, et le secrétaire général du Parti, M. Soong Chu-yui, avaient pris la parole.

On peut se demander quelles sont les raisons qui poussent les autorités gouvernementales à cette apparente entreprise de séduction en direction des missionnaires étrangers et, à travers eux, des Eglises chrétiennes. On peut cependant noter que si M. Lee Teng-hui est lui-même presbytérien, son Eglise, majoritaire chez les protestants, est souvent perçue comme alliée à l’opposition démocratique et tentée par les idées indépendantistes (22). Quant aux catholiques, généralement considérés comme plus proches du régime, ils ont aussi récemment eu des problèmes avec les autorités gouvernementales à propos de l’expulsion en 1989 du P. Neil McGill qui s’occupait d’un centre de jeunes travailleurs (23). Par ailleurs, depuis quelques semaines, le gouvernement semble déterminé à encourager l’établissement, par les Eglises, d’institutions universitaires qui renforceraient l’éducation aux valeurs morales perçues aujourd’hui comme nécessaires à la cohésion sociale, et augmenteraient le nombre de diplômés dont le pays a besoin (24). Il est possible que ce soit l’ensemble de ces facteurs qui incite le gouvernement de Taiwan à se gagner les faveurs des Eglises chrétiennes.