Eglises d'Asie

Inscriptions dans les écoles catholiques de l’archidiocèse de Bangalore

Publié le 18/03/2010




Ce sont les pauvres qui sont l’objet de la mission salvifique de Jésus. Sous son inspiration, nous nous sentons appelés à partager avec joie et générosité l’option préférentielle de l’Eglise pour les pauvres, telle que l’ont rappelée le Concile Vatican II, les synodes des évêques, les encycliques des derniers papes et l’Eglise de l’Inde. Ce choix nous pousse à accorder aux pauvres une place privilégiée dans nos institutions. L’Eglise doit se faire de plus en plus un sacrement de salut et de libération pour ceux qui sont faibles, ceux qui sont blessés, les sans-pouvoir et les persécutés, les infirmes et les laissés pour compte. Il est donc nécessaire de repousser toutes les tentations qui pourraient nous inviter à faire de nos institutions des lieux réservés aux puissants et aux riches. Nous devons plutôt travailler à ce qu’elles deviennent des agents de transformation sociale, la voix des sans-voix.

L’analphabétisme est lié de manière inextricable à une misère écrasante, à l’impuissance politique et à l’avilissement social. La communauté chrétienne n’est qu’une infime minorité, et elle est de plus en plus marginalisée. Le Seigneur nous invite à participer à la transformation de la société par nos oeuvres d’enseignement, pour la construction du Royaume de Dieu où dominent la justice, la paix et l’harmonie. Nos écoles sont un moyen puissant de remplir cette mission qui nous est confiée de former un nouveau type de personnes pour un nouveau type de société.

Gardant à l’esprit ce double caractère de nos institutions, qui sont celles d’une minorité et ont pour but d’abord la formation des catholiques, puis l’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres, je donne ci-dessous quelques lignes de conduite telles qu’elles ont été suggérées par divers groupes qui ont étudié cette question.

1 Nos écoles étant les institutions de la minorité à laquelle nous appartenons, tous les catholiques, habitant à proximité, qui demandent à y être admis, doivent être acceptés, quels que soient leurs résultats scolaires.

2 On devra faire tout ce qui est possible pour que ceux qui sont pauvres économiquement et socialement dans l’archidiocèse bénéficient de nos efforts en matière d’éducation.

3 Là où l’on procède à des examens d’entrée, la moyenne des notes exigée doit être abaissée afin de permettre l’admission de tous les enfants catholiques du voisinage.

4 Dans l’établissement des priorités, il faudra suivre les critères de priorité suivants:

a) les catholiques; tous doivent être acceptés

b) les chrétiens

c) les dalits non chrétiens: il faudra faire son possible pour que tous soient acceptés

d) les castes inférieures et les religions minoritaires

e) les autres.

5 Aucune école dans l’archidiocèse n’est autorisée à accepter des dons ou à percevoir des prestations individuelles. Cette dernière règle devra être imprimée dans le prospectus de l’école, et, au moment des inscriptions, un avis devra être affiché en bonne place informant que “la direction de cette école n’accepte pas de dons pour l’admission des élèves. Nous serons reconnaissants à toute personne qui rapportera au gouvernement les violations éventuelles de cette règle

6 Cependant, on pourra demander comme contribution spéciale, ce qui sera nécessaire pour l’entretien de l’école, son aménagement, son équipement, ses diverses installations. Les pauvres devront pouvoir être, en partie ou en totalité, exemptés du paiement de ces contributions. De telles impositions devront recevoir l’accord préalable du vicaire général.

7 Les enfants handicapés, victimes de la polio, aveugles, etc., jouiront d’une considération particulière, sans que l’on tienne compte de leur religion.

8 On prendra un soin particulier des dalits catholiques et des enfants vivant dans les bidonvilles, afin qu’ils soient tous scolarisés. Pour cela, il faudra établir des liens avec les curés concernés. De la même manière, il faudra, dans le voisinage de nos écoles, faire le recensement des enfants pauvres, afin de les admettre dans nos institutions.

9 Des cours spéciaux devront être organisés pour ces enfants dès les premiers jours de l’année scolaire.

10 Les admissions dans nos pensionnats devraient aussi montrer la préférence du Christ pour les pauvres. Il est par conséquent nécessaire d’y suivre le même ordre de priorité que dans les écoles. On acceptera en premier lieu les élèves catholiques des campagnes où il n’y a pas d’école secondaire.

11 Les prêtres et les religieux responsables des pensionnats devront se mettre en rapport avec les curés et les soeurs travaillant dans les paroisses rurales afin que les enfants catholiques des campagnes soient admis dans nos pensionnats.

12 Tous les efforts devront être faits pour que dans les écoles aussi bien que dans les pensionnats, soit créée une atmosphère telle que les pauvres, et en particulier les dalits et les enfants des bidonvilles, s’y sentent vraiment chez eux.

13 Une fois les inscriptions achevées, les responsables devront envoyer au bureau de l’archevêché leurs statistiques détaillées.

Tout ce qui précède, qu’il s’agisse des principes ou de la pratique, découle de l’Evangile et doit diriger notre action dans l’apostolat scolaire de l’archidiocèse. Mais rappelons-nous bien qu’aucune directive n’aura le moindre effet si nous ne sommes pas entièrement pénétrés de l’esprit du Maître. Je souhaite – et c’est ma prière – que tous dans l’archidiocèse, et plus particulièrement ceux qui travaillent à l’oeuvre d’éducation, reçoivent du Seigneur une intelligence de plus en plus grande de notre mission comme messagers de la Bonne Nouvelle aux pauvres.

Mgr Alphonse Mathias archevêque de Bangalore