Eglises d'Asie

Le cardinal Sin et Mme Aquino commémorent le “pouvoir du peuple”

Publié le 18/03/2010




Le 25 février 1992, le cardinal Sin, archevêque de Manille, a présidé une concélébration commémorant la victoire du “Pouvoir du peuple”.

Le 6 février 1986, des millions de personnes s’étaient rassemblées sur l’avenue Epifanio De los Santos (d’où le nom “EDSA” donné au mouvement). Chapelet en main, les manifestant avaient, par leur simple présence, protégé les soldats rebelles contre les tanks de Ferdinand Marcos et permis le renversement de celui-ci. Comme chaque année depuis cette date, la cérémonie d’anniversaire s’est déroulée à l’emplacement même de la manifestation historique, devant le sanctuaire érigé depuis lors en l’honneur de Notre-Dame de la Paix.

Rappelant ces événements, le cardinal Sin a comparé les Philippins aux Hébreux nouvellement libérés d’Egypte, et les a mis en garde contre un retour toujours possible de la dictature: “Comme Israël errant dans le désert, nous avons perdu de vue la Terre promise. Remplis du pseudo-réalisme du monde, nous avons cyniquement rejeté l’idée d’une société basée sur l’égalité et l’amour. Nous errons dans un désert stérile parce qu’une fois de plus, des intérêts partisans prennent la place du bien commun. Dans notre désordre, nous avons cessé de croire en une morale et en la vérité: les millions, volés à notre peuple privé de tout, n’ont pas été rendus en signe de repentir, ni recouvrés par la loi; les assassins de nos héros nationaux et ceux de nos enfants qui meurent dans la rue n’ont pas été traduits en justice”. L’archevêque de Manille invite ses compatriotes à rejeter le mal du passé: “Nous pouvons bien célébrer la libération de la dictature: cela ne servira de rien si, à l’intérieur de nous-mêmes, nous ne sommes pas capables de célébrer notre libération de la médiocrité et du péché. Notre condamnation des péchés commis par l’ancien régime ne signifie rien si nous persistons à nous abandonner nous-mêmes au péché. Nos libertés constitutionnelles n’ont aucun sens si nous nous rendons intérieurement esclaves du péché et si nous refusons d’entendre l’appel à une plus grande rectitude morale”.

De son côté, Mme Aquino a invité les assistants à maintenir vivant l’esprit du 25 février 1986. “Si nous oublions EDSA, dit-elle, ceux que nous avons chassés pourraient bien revenir”. Parlant des prochaines élections, elle a invité les Philippins à se joindre aux diverses associations lancées dans le pays par l’Eglise catholique, comme le “Mouvement pour des élections propres” à Manille et dans les Visayas (12) et le “Mouvement pour des élections pacifiques” à Cebu. Elle a ajouté: “J’aimerais bien faire campagne pour mon candidat (Fidel Ramos), mais en présence du cardinal Sin, je n’ose pas” (13).