Eglises d'Asie

Un député d’opposition présente un projet de loi en faveur des dalits chrétiens

Publié le 18/03/2010




Le 28 février 1992, M. George Fernandez, catholique, membre du parlement de New Delhi et ancien ministre fédéral des chemins de fer, a introduit à l’Assemblée nationale un projet d’amendement à la loi de 1950 concernant les “castes répertoriées”. Celles-ci comprennent les basses castes, les aborigènes et les “dalits”. L’amendement présenté par M. Fernandez vise à étendre aux chrétiens dalits, de basse caste, ou aborigènes, les privilèges qui sont reconnus par la loi de 1950 aux hindous des mêmes catégories. Au cours des années, cette loi qui, au départ, était prévue pour les seuls hindous, a été peu à peu étendue aux bouddhistes et aux sikhs (5). Les privilèges accordés par cette loi concernent les quotas d’emplois et de sièges réservés à cette catégorie de la population dans le service public, les parlements régionaux et l’Assemblée nationale, ainsi que des facilités d’accès à l’éducation. Ces mesures sont destinées à faciliter l’insertion sociale de ces catégories défavorisées de la population et à “corriger” la discrimination dont elles sont l’objet de manière habituelle depuis des siècles.

L’argument généralement utilisé pour exclure de ces privilèges les membres chrétiens des “castes répertoriées” est que, en se convertissant au christianisme, ils ont quitté le système des castes. Un certain nombre d’enquêtes ont clairement mis en évidence au cours des années que les dalits chrétiens, par exemple, souffraient des mêmes discriminations que les dalits hindous, y compris à l’intérieur des communautés chrétiennes.

Depuis plusieurs années, les Eglises militent afin d’obtenir pour les dalits chrétiens le même statut que pour les autres dalits. Des manifestations de masse avaient même été organisées en 1988 et 1991 (6). La première avait réuni 400 000 chrétiens dalits. La Conférence épiscopale indienne, elle aussi, vient de faire de cette lutte l’une des priorités de son action (7).

M. Peter Marbaniang, vice-président de l’Union catholique panindienne et membre du parlement appartenant au parti majoritaire du Congrès, a regretté, le 4 mars 1992, que la question des membres chrétiens des “castes répertoriées” n’ait pas été abordée dans l’ordre du jour présenté par la majorité pour la session en cours. Dans ces conditions, et bien que M. Fernandez soit membre de l’opposition, M. Marbaniang a déclaré qu’il pourrait se voir lui-même obligé de voter en faveur de cet amendement. Cette dernière affirmation a déclenché l’ovation d’une partie de la Chambre.