Eglises d'Asie

Une campagne contre la prostitution des enfants en Asie.

Publié le 18/03/2010




Réunis à Bangkok dans l’université de Sukhotai Thammathirat, du 30 mars au 3 avril 1992, les participants de la « Campagne pour la fin de la prostitution des enfants dans le tourisme asiatique » (ECPAT) ont été unanimes à souligner le développement inquiétant du trafic d’enfants en provenance des pays du tiers-monde. Le nombre de ces mineurs destinés à la prostitution, dont souvent l’âge ne dépasse pas 13 ans, est en pleine croissance. Kidnappés ou achetés à de misérables familles dans le tiers-monde, transportés de pays en pays et de continent en continent, ces enfants des deux sexes sont ensuite vendus et échangés dans le monde entier par des associations criminelles ou par des individus.

Un rapport soumis à la conférence a identifié les divers itinéraires empruntés par le réseau international de trafic d’enfants. Le point de départ est généralement situé en Asie du sud-est ou encore en Afrique; les réseaux peuvent aboutir en Europe du Nord ou au Moyen Orient. Cependant, trafic et vente d’enfants mineurs se pratiquent aussi entre pays voisins: des mineurs birmans sont emmenés en Thaïlande tandis que de jeunes garçons et filles originaires du Népal ou du Bangladesh sont transportés de force vers l’Inde, le Pakistan ou le Moyen-Orient. Lors de la conférence, on a rapporté aussi que des proxénètes thaïlandais commencent actuellement à aller chercher leurs victimes au Vietnam, au Laos et au Cambodge.

Les mineurs ainsi recrutés sont livrés à la prostitution en Europe aussi bien qu’en Asie où les pays les plus touchés sont les Philippines, la Thaïlande, le Sri Lanka, l’Inde et Taiwan. Avec la progression du nombre de pédophiles dans le monde, la demande s’est faite plus forte et certains organisateurs de voyage se sont désormais spécialisés dans ce que l’on appelle le « tourisme sexuel ». L’industrie touristique de certains pays d’Asie se sert quelquefois implicitement de la prostitution des enfants comme moyen de publicité ou d’attraction tandis qu’en Europe ou en Asie, il existe des agences de voyage qui en font directement un de leurs arguments de vente.

La conférence au cours de laquelle ont été rendues publiques toutes ces dramatiques constatations était la seconde organisée par l’ECPAT. Le thème des débats était: « Les enfants dans la prostitution: victimes du tourisme en Asie ». La première conférence avait également eu lieu à Bangkok le 1er mai 1991. C’est elle qui avait lancé la campagne actuelle.

A l’origine de ce mouvement contre la prostitution des enfants, on trouve de très nombreuses associations. La plus représentative d’entre elles est certainement le Conseil oecuménique des Eglises dont l’attention a été alertée depuis longtemps par les diverses Eglises d’Asie. Celles-ci avaient, dès le mois de mai 1990, à l’issue du « séminaire de Chiengmai », lancé un cri d’alarme à ce sujet. Participent également à la campagne l’U.N.I.C.E.F. et le B.I.C.E. de Genève directement impliqués dans la sauvegarde de l’enfance. De nombreux experts et personnalités étaient également venus à Bangkok. Le nonce apostolique était représenté à la Conférence par son adjoint qui a déclaré que « l’Eglise catholique redoublerait d’efforts pour lutter contre ces abominables et dégradantes pratiques ».

Le communiqué publié à la suite des débats s’adresse en premier lieu aux pouvoirs publics et aux instances internationales pour qu’ils prennent les initiatives qui s’imposent en ce domaine. Aux différents leaders religieux il est demandé d’user de leur autorité morale. Enfin, la conférence lance un appel aux organisateurs de voyage, aux touristes et au personnel militaire, directement impliqués dans les pratiques dénoncées par la conférence, pour qu’ils prennent conscience de leur responsabilité et qu’ils respectent les enfants dans les pays où ils séjournent.