Eglises d'Asie

LA PRESSE CATHOLIQUE EN INDE

Publié le 18/03/2010




Le 31 décembre 1984, l’Inde publiait 20 758 journaux, dont 1 423 quotitidiens, 6 122 hebdomadaires, 7 232 mensuels, 5 981 autres. Ce total est monté à 22 648 en 1985.

Brève histoire de la presse catholique

La presse d’Eglise, en Inde, est aussi ancienne que la presse profane. Les premiers journaux datent du milieu du siècle dernier. Le “Herald”, un hebdomadaire en anglais publié à Calcutta, a commencé à paraître en 1839. Remontent aussi au XIXème siècle: “The Examiner”, hebdomadaire en anglais de Bombay (1850), “Satyanandam”, hebdomadaire en malayalam de Verapoly (1876), le “New Leader”, hebdomadaire en anglais de Madras (1887), et “Deepika” quotidien en malayalam de Kottayam (1887). Le XXème siècle a vu les journaux proliférer. Leur nombre approche les 300, si l’on inclut les mensuels et hebdomadaires diocésains. Le “Livre de l’année” pour 1991 de “Indian Currents” donne une liste de 297 publications catholiques. La première agence de presse catholique, “Catholic News of India” (CNI), est née en 1964. Malheureusement, elle devait disparaître en 1972. Vint ensuite le “News Bureau of India” (NBI) qui devait, en 1981, laisser la place au “South Asian Religious News” (SAR News), agence fondée par l’Association de la presse catholique indienne pour servir toute la région de l’Asie du sud-est.

La situation présente

On compte actuellement trois quotidiens, tous publiés au Kerala en malayalam: “Deepika”, “Kerala Times” et “Satvarta”. Les hebdomadaires sont peu nombreux. Nous avons, en anglais: le “Herald”, l'”Examiner”, le “New Leader” et “Indian Currents”. En telugu: “Bharatha Mitram”; en malayalam: “Deepanalam”, “Deepika”, “Satvarta”, “Sathyadeepam” et “Sathyanandam”; en tamoul: “Sarvavyabi” et “Namazhu”; en konkani: “Poinari” et “Rakno”; en hindi: “Prabhuka Din”; en pendjabi: “Sada Zamara”.

Financement et objectifs de la presse catholique

Les quotidiens, les hebdomadaires et un grand nombre de mensuels dépendent largement des abonnements. La plupart, cependant, doivent recevoir une aide extérieure importante. La plus grande partie de ces publications appartiennent à des diocèses ou à des congrégations religieuses.

A part les quotidiens et un ou deux hebdomadaires, toutes ces publications se donnent pour objectif plus ou moins direct l’édification de la communauté chrétienne, au niveau national, provincial ou diocésain. Elles veulent avant tout offrir aux fidèles une formation et une information chrétiennes. Les quotidiens et l’un ou l’autre hebdomadaire, comme “Indian Currents”, visent le grand public et veulent lui donner une information sur les événements et les tendances à la fois dans les domaines profane et religieux. Naturellement, ils accordent une place spéciale aux nouvelles et aux manières de voir chrétiennes, ainsi qu’aux problèmes de la communauté chrétienne. Infime minorité (2,4%) (2), celle-ci a besoin de ces organes de presse pour se défendre et attirer l’attention du public. Un petit nombre de mensuels sont destinés à des groupes particuliers comme la famille, la jeunesse, les étudiants, les travailleurs sociaux.

Equipement et personnel

Le quotidien “Deepika” (3) et quelques hebdomadaires possèdent leur propre imprimerie et sont bien équipés pour la photocomposition. La plupart des publications sont imprimées sur les presses diocésaines ou celles des congrégations: quelques-unes d’entre elles sont d’ailleurs munies d’un équipement moderne. D’autres sont imprimées sur des presses commerciales. En certains endroits, on compose encore à la main. La plupart des publications sont dirigées par des prêtres ou des religieux qui y consacrent tout leur temps. Peu ont la possibilité financière d’employer et de payer des employés à des taux compétitifs. Les services des abonnements passent très souvent par l’intermédiaire des paroisses et des institutions religieuses. Les quotidiens et un ou deux hebdomadaires emploient cependant des agences professionnelles.

Tirage et nombre de lecteurs

Au long des décennies, le tirage des publications a été en augmentant: pas en proportion, cependant, avec la prolifération des périodiques. L’élévation du niveau d’éducation, ainsi que la publication dans les langues régionales, expliquent en bonne partie cette croissance. Il faut y ajouter le développement économique de la communauté.

Les autres médias

En Inde, la communauté chrétienne ne possède ni chaîne de radio ni station de télévision. Les unes et les autres appartiennent exclusivement au gouvernement. Les institutions chrétiennes et les individus peuvent cependant, à l’occasion, présenter des programmes d’intérêt général, sur l’art et la culture, la science et l’écologie, aussi bien que sur des thèmes spécifiquement chrétiens, par exemple au moment de Noël et de Pâques. Ces derniers programmes sont généralement appréciés. Il revient aux producteurs de choisir des thèmes intéressants et d’y inclure des valeurs morales et une orientation spirituelle. Il existe quelque 25 centres chrétiens de production de cassettes-video et de films pour la télévision. On compte aussi une vingtaine de centres d’information, avec salles de lecture, possibilité de consulter, cours par correspondance. Les bulletins d’institutions, d’organisations, sont aussi très à la mode.

Les problèmes de la presse catholique

Le problème le plus important de la presse catholique en Inde est celui du financement. Il arrive souvent que les plans ou les rêves des personnes engagées dans ce domaine dépassent de loin leurs possibilités financières. La prolifération des publications et la dispersion des ressources sont aussi un obstacle important. Trop de diocèses ou de congrégations religieuses lancent des hebdomadaires ou des mensuels sur des créneaux similaires. Les journalistes qualifiés et autres experts se mettent au service du gouvernement ou de journaux puissants, laissant les publications d’Eglise aux mains de prêtres et de religieux qui sont novices en la matière. La censure, bien qu’indirecte et restreinte, se fait doublement sentir de la part du gouvernement et de l’Eglise (4). Quelques lecteurs y trouvent une certaine sécurité. Il n’en reste pas moins qu’elle enlève leur mordant aux journaux. Mais il faut bien dire que les publications qui font leurs les objectifs de la nation et de l’Eglise, n’ont que peu d’ennuis avec la censure. La télévision a aussi fait diminuer le nombre des lecteurs de journaux. Ceux-ci ont du mal à rendre leurs pages aussi attrayantes que les écrans de la télévision. Il existe par exemple trop peu de magazines chrétiens en couleur pour qu’on en parle.

Les associations de presse, profanes ou catholiques, aident les publications individuelles à faire face à ces problèmes. Pour la presse d’Eglise, nous avons l’Association de la presse catholique indienne (APCI), qui est affiliée à l’Union internationale de la presse catholique basée à Genève. Il existe par ailleurs plusieurs associations de journalistes et la Société des journaux indiens, ainsi que la Conférence panindienne des directeurs de journaux.

Regard sur l’avenir

Pour l’avenir, la presse d’Eglise doit répondre à deux questions: Quelles sont ses priorités? La presse d’Eglise a-t-elle une fonction originale, ou bien ne joue-t-elle qu’un rôle complémentaire vis-à-vis de la presse profane? Pour les publications en langues régionales, il faut bien dire qu’en un certain nombre de régions, l’Eglise devrait jouer un rôle original dans l’information et la formation. Certaines régions géographiques ou certaines langues n’ont pas assez de journaux. Ailleurs, le but devrait être de former, plutôt que d’informer. Cette fonction est assez importante pour justifier l’existence d’une presse chrétienne, et ses efforts constants pour l’amélioration de ses publications. Il est indispensable que les directeurs des journaux aient une claire notion de ce qu’ils veulent faire, s’ils veulent façonner leur publication en conséquence. La deuxième question est la suivante: où en sommes-nous de la spécificité et de la qualité de notre presse? L’amélioration de la qualité est essentielle et ce doit être un processus continu. Il est désirable aussi que nous nous spécialisions, au moins jusqu’à un certain point, et que nous travaillions ensemble, afin de mettre en commun nos ressources et d’améliorer la qualité de notre production. Certains journaux, qui font double emploi avec d’autres, pourraient, suivant l’exemple du quotidien “Malabar Mail”, cesser de paraître.