Eglises d'Asie

Décès de Mgr Nguyên Phung Hiêu: L’Eglise vietnamienne attend toujours de nouveaux évêques

Publié le 18/03/2010




Après une longue maladie, l’évêque du diocèse de Hung Hoa au Nord Vietnam, Mgr Nguyen Phung Hieu s’est éteint, samedi après midi, à 14 heures, à Saigon où il était soigné depuis un certain temps par un médecin de l’Institut Pasteur. A la fin de l’année 1991, il avait effectué un séjour de trois mois dans un hôpital de Rome, de septembre à décembre 1991. Les docteurs qui l’avaient opéré des poumons au mois d’octobre ne lui avaient guère laissé d’espoir sur l’issue de sa maladie. Il n’avait cependant jamais perdu courage. L’avant-veille de sa mort, il avait participé à l’ordination de l’évêque auxiliaire de Xuân Lôc. Dans une lettre à un de ses amis de France, il avait même exprimé son projet de rejoindre son diocèse au Nord Vietnam aux alentours du 15 mai 1992.

Bien que né en 1921, Mgr Nguyên Phung Hiêu n’était évêque que depuis le 12 avril 1991. Sa nomination remontait à deux ans. C’était pour lui une très dure charge puisqu’au moment de sa consécration, il était déjà atteint de la maladie qui devait l’emporter et que le très vaste diocèse de Hung Hoa qui lui était confié ne comprenait que 10 prêtres, tous déjà très âgés. Malgré son extrême faiblesse physique, il s’était entièrement consacré à sa nouvelle charge: dans sa dernière correspondance avec la France, quelques jours avant de mourir, il envoyait un rapport décrivant les atteintes à la liberté religieuse commises dans des chrétientés montagnardes situées près de la frontière laotienne, dans son diocèse (22).

Le décès de Mgr Nguyên Phung Hiêu ne peut qu’attirer l’attention sur le vieillissement – beaucoup d’évêques ont largement dépassé l’âge de la retraite – et la détérioration de la santé de beaucoup de membres de la hiérarchie vietnamienne. Depuis le début de l’année, la santé de l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville, âgé de 82 ans et toujours sans remplaçant, inspire beaucoup d’inquiétude. Par 3 fois, au mois de février, à la suite de malaises cardiaques répétés, il a dû être transporté à l’hôpital Thông Nhât où il a effectué des séjours d’une semaine. Il est actuellement contraint à un repos absolu. Son auxiliaire, lui-même très âgé et fatigué, ne peut guère assumer les tâches du diocèse. Par ailleurs, Mgr Nguyên Van Thuân, qui reste toujours coadjuteur officiel du diocèse de Hô Chi Minh-Ville, n’est pas encore réglé. Le prélat est actuellement à Rome, et les autorités vietnamiennes l’ont invité à y prolonger son séjour.

Au Nord-Vietnam, l’évêque de Lang Son, Mgr Du, reconnu par le gouvernement grâce à l’intervention du cardinal Etchegaray, a été victime en 1991 d’une attaque d’hémiplégie qui l’a laissé très faible, alors qu’il est pratiquement seul dans son diocèse pour s’occuper des fidèles: ses seuls collaborateurs étant un prêtre âgé et quelques religieuses, dont la plus active est centenaire.

C’est donc avec de plus en plus d’impatience que les chrétiens vietnamiens attendent les résultats des négociations qui ont eu lieu au mois de janvier 1992 (23) entre le gouvernement vietnamien et la délégation vaticane conduite par Mgr Celli, lors du séjour de celle-ci au Vietnam. Les deux parties, avait-on dit alors, s’étaient accordées sur un certain nombre de personnes susceptibles d’êtres nommées par Rome aux nombreux sièges encore vacants au Vietnam.

Depuis lors, une seule nomination épiscopale a eu lieu et la plupart des postes vacants à cette époque le sont encore. Hanoï n’a pas d’archevêque titulaire. A Thanh Hoa, après sa mort, Mgr Pham Tan n’a pas eu de remplaçant. Huê n’a plus d’archevêque depuis la mort de l’héroïque Mgr Nguyên Kim Diên en 1988. A Hô Chi Minh-Ville, Mgr Nguyên Van Binh réclame vainement un successeur, depuis des années.

Avec la consécration de l’évêque auxiliaire de Dalat qui a eu lieu avant la visite de la délégation, la seule nouvelle heureuse aura été, l’ordination épiscopale, jeudi 7 mai 1992, du P.Thomas Nguyen Van Tram comme évêque auxiliaire du diocèse de Xuân Lôc. Le nouvel évêque est âgé d’une quarantaine d’années. Après avoir poursuivi des études supérieures à Rome, il a été curé de la paroisse de Baria sur la côte et supérieur du séminaire du diocèse. Voilà déjà longtemps qu’un auxiliaire était demandé par Mgr Nguyen Minh Nhât, évêque de ce diocèse qui vient de fêter ses 25 ans d’existence (24). Il s’agit du plus grand diocèse du Vietnam avec 740 000 fidèles et environ 280 prêtres. Mgr Nhât est, de plus, président de la Conférence épiscopale.

Cette nomination est, sans doute, le résultat conjoint de l’initiative de Mgr Nhât et des récentes négociations entre les autorités vietnamiennes et Mgr Celli (25). Au cours de ces mêmes négociations, le nom de Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, ancien évêque coadjuteur de Huê, avait probablement aussi été évoqué. Celui-ci vient d’être nommé membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.