Eglises d'Asie

Hanoi-Londres-Hongkong: accord pour un rapatriement massif des demandeurs d’asile vietnamiens de Hongkong

Publié le 18/03/2010




Un nouvel accord entre la Grande-Bretagne et le Vietnam vient d’être signé à Hanoi le 12 mai 1992. Annoncé à Londres par un représentant du Foreign Office, il était commenté le jour même à Hongkong par le secrétaire pour la Sécurité, M. Alistair Asprey. Il devrait, selon celui-ci, mettre un point final à l’exode des boat-people vietnamiens et à leur séjour à Hongkong. En effet, il prévoit le rapatriement forcé et massif de tous les demandeurs d’asile vietnamiens à qui aura été refusé le statut de réfugié politique.

Lors des accords du 29 octobre 1991 (26), la Grande-Bretagne, Hongkong et le Vietnam s’étaient déjà entendu sur une première série de mesures. A cette époque, le Vietnam qui avait accepté le principe du rapatriement forcé, avait aussi donné son accord à deux mesures immédiates que la Grande-Bretagne avait décidé de mettre en oeuvre: d’une part, les demandeurs d’asile revenus sur le territoire de Hongkong après l’avoir quitté dans le cadre du rapatriement volontaire seraient expulsés vers le Vietnam sans délai; d’autre part, pour tous les boat-people arrivés à Hongkong après le 29 octobre 1991, la procédure du “screening” (tri) serait simplifiée et ne durerait pas plus d’une semaine: en cas de refus du statut de réfugié, le demandeur d’asile débouté serait rapatrié dans le mois suivant.

Les négociations qui avaient débuté en 1989 après la deuxième Conférence de Genève sur les réfugiés, ne s’étaient pas interrompues après les accords d’octobre 1991. Elles viennent donc d’aboutir à une décision radicale qui applique à la totalité des demandeurs d’asile non détenteurs du statut de réfugié politique, le rapatriement forcé prévu pour ceux qui étaient arrivés après le 29 octobre 1991. 55 462 Vietnamiens sont actuellement pensionnaires des camps de Hongkong et beaucoup d’entre eux ont risqué leur vie sur mer ou sur terre pour parvenir au territoire. Seuls quelque 3 000 d’entre eux jouissent du statut de réfugié. La mesure de rapatriement forcé prévue par le dernier accord est d’ores et déjà applicable à 22 466 demandeurs d’asile qui, à l’issue de la procédure du “screening”, ont été classés “migrants économiques”. On peut penser que parmi les 29 562 demandeurs d’asile en attente du “screening”, 9 % seulement seront retenus pour le satut de réfugiés. Les autre subiront le même sort.

Le secrétaire à la Sécurité du territoire a aussi fait savoir que tous les détails de la procédure de rapatriement n’étaient pas encore prévus mais qu’en tout état de cause, ce “programme de retour ordonné” débuterait dès le mois prochain. Il faudrait, a-t-il précisé, environ 4 ans pour mener à bien ce programme de rapatriement au rythme de 1 000 par mois. Il a aussi laissé entendre que, selon lui, l’annonce de ces mesures serait susceptible d’augmenter le nombre des candidats au rapatriement volontaire en constante diminution. Il y en avait 1 400 par mois aussitôt après les accord d’octobre 1991. Ces derniers mois, ils n’étaient plus que 850. Pour les premiers mois de l’année, le nombre d’arrivées était pratiquement négligeable.

Le Haut-commissariat aux Réfugiés qui est opposé au rapatriement forcé a fait aussitôt savoir qu’il espérait que les Vietnamiens choisiraient le rapatriement volontaire plutôt que d’être soumis à ce nouveau programme. Les Etats-Unis qui, ces derniers temps, semblent avoir assoupli leur opposition au rapatriement des réfugiés, n’ont pas encore exprimé publiquement leurs premières réactions.