Eglises d'Asie

A Goa, catholiques et fondamentalistes hindous ne sont pas d’accord

Publié le 18/03/2010




M. Pramod Mahajan, secrétaire du BJP (“Bharatiya Janata Party”: Parti du peuple indien) pour l’Etat de Goa, accuse Mgr Gonsalves, l’archevêque catholique, de se mêler de politique.

Depuis plusieurs mois, celui-ci participe à une campagne menée par les catholiques contre la construction d’une nouvelle ligne de chemin de fer qui doit traverser le territoire de Goa en direction des villes côtières du Karnataka, plus au sud. Tel qu’est prévu son tracé, cette voie ferrée doit couper de nombreux hectares de terres fertiles, privant des centaines de personnes de leur moyen de vivre. On craint aussi que la pollution engendrée ne mette en danger des sanctuaires chrétiens vieux de plusieurs siècles. Les protestataires demandent que l’on déplace le chemin de fer de quelques kilomètres vers l’est, de façon à lui faire traverser des collines impropres à la culture.

C’est à ce sujet que Mgr Gonsalves a rencontré M. Ravi Naik, le premier ministre de l’Etat. Celui-ci, au cours d’une conférence de presse, le 27 avril 1992, a fait part de sa réaction: “Si l’Eglise continue à s’opposer au tracé actuel de la voie ferrée, le gouvernement devra sûrement faire quelque chose”, dit-il.

Mais M. Luizinho Faleiro, ministre de la justice, pense, lui, que les prêtres se sont laissé influencer par des éléments antisociaux dont le but n’est autre que de fomenter des troubles: la question de la voie ferrée n’est qu’un prétexte.

Un autre problème empoisonne les relations entre le BJP et l’Eglise catholique.

En janvier 1992, le président du Portugal, M. Mario Soares, rendait visite à cet ancien territoire portugais annexé par l’Inde en 1921. A cette occasion, l’ouverture d’un consulat à Goa avait été décidée.

La réaction du BJP ne s’est pas fait attendre: pour le président local du parti, M. Shripad Naik, l’établissement d’un tel consulat serait dangereux et nuirait à l’unité de l’Inde. Un groupe culturel hindou ajoute même: “Ce serait une insulte à nos ancêtres, à la culture indienne, à la langue marathi et à la religion hindoue”.

Du côté chrétien, on est plutôt favorable à l’ouverture de cette mission diplomatique portugaise. 70% des visiteurs indiens au Portugal viennent de Goa. “Nous n’aurons plus besoin d’aller à Bombay ou à Delhi pour obtenir des visas”, dit Mme Leonora da Costa, qui voyage souvent entre les deux pays.

De son côté, le P. Lourdino Baretto, responsable du Centre pour la musique occidentale, approuve, lui aussi, l’ouverture du consulat et pense qu’il faut “préserver le riche héritage musical et culturel indo-portugais, ce capital acquis et assimilé au long de plus de quatre siècles”.

M. José Rangel, directeur du Centre d’études indo-portugaises, commente de son côté: “Je soupçonne les groupes hindous de chercher à créer une opposition entre chrétiens et hindous, alors qu’ils ont toujours vécu dans l’harmonie”.

Et M. Joe d’Souza, professeur à l’université de Goa, ajoute: “A chaque fois que les catholiques disent quelque chose, le BJP s’empresse de proclamer le contraire”.

Les catholiques forment 30% de la population de l’Etat de Goa.