Eglises d'Asie

Un religieux bouddhiste arrêté de nouveau après sa libération de résidence surveillée.

Publié le 18/03/2010




Le vénérable Thich Quang Dô, religieux très connu et haut dirigeant de l’Eglise Bouddhiste unifiée, a été de nouveau arrêté à Hô Chi Minh-Ville, le 17 avril 1992. Il y avait seulement trois semaines que les autorités vietnamiennes avaient mis un terme à son exil au Nord-Vietnam dans le village de Vu Doai, province de Thai Binh, où il était gardé en résidence surveillée depuis 1982.

Les motifs exacts de cette nouvelle arrestation du religieux, la troisième, restent pour le moment inconnus. On sait cependant que durant les trois semaines de son séjour à Hô Chi Minh-Ville, il était gardé sous surveillance et obligé de se présenter régulièrement à la police locale. Aucun proche n’a été autorisé à l’accompagner après son arrestation. Cependant on pense qu’il a été reconduit au Nord-Vietnam dans le village où il avait déjà été assigné à résidence. Ses familiers qui l’ont revu durant ses trois semaines de liberté éprouvent de vives inquiétudes sur son sort, ayant constaté que sa santé avait été fort éprouvée par ses années d’exil.

Le religieux, aujourd’hui âgé de 65 ans, a, depuis le mois d’avril 1975, passé de nombreuses années en prison ou en résidence surveillée comme la plupart des anciens hauts dirigeants de l’Eglise bouddhiste unifiée. Secrétaire général de son Eglise, il avait en son nom, dès le 4 avril 1975, appelé à la fin des hostilités et à la réconciliation de tous les Vietnamiens. Cependant dès la fin de l’année 1975, les relations entre les autorités et les dirigeants bouddhistes étaient déjà fort tendues. En 1976, lors d’une rencontre avec Mai Chi Tho, alors directeur de la Sûreté de Hô Chi Minh-Ville, Thich Quang Dô lui avait déclaré: “Vous prétendez avoir vaincu les colonialistes français, chassé les impérialistes américains, mais je vous trouve encore trop timorés; sinon, vous auriez déjà supprimé la déclaration de liberté religieuse de la constitution pour que cette dernière soit en accord avec votre pratique

En avril 1977, dans une lettre de protestation adressée à Pham Van Dông, le vénérable Thich Huyên Quang, vice-recteur de l’institut Hoa Dao, s’élevait contre ce que la lettre appelait “une politique de répression du bouddhisme” mise en oeuvre par l’Etat. Il rappelait les diverses intrusions des autorités dans les affaires intérieures de l’Eglise bouddhiste, les confiscations d’établissements, les emprisonnements de religieux en train de se multiplier. Dès le mois d’avril de cette même année, le vénérable Thich Quang Do était arrêté une première fois, en compagnie de Thich Huyên Quang et de quatre autres dirigeants. Ils furent relâchés en décembre 1978.

En novembre 1981, l’Eglise bouddhiste unifiée était dissoute sur ordre du gouvernement et remplacée par une création des autorités, l’Eglise bouddhiste du Vietnam qui, selon les termes mêmes de sa charte, était seule habilitée à représenter le bouddhisme vietnamien. Les deux principaux dirigeants bouddhistes Thich Quang Do et Thich Huyên Quang prostestèrent aussitôt contre cette dissolution. Au mois de février 1982, ils étaient arrêtés et “une mesure administrative” (16) décidée par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville leur signifiait leur exil. Thich Huyên Quang était relégué dans la province du Quang Ngai au Centre-Vietnam. Thich Quang Dô était conduit au Nord-Vietnam dans la province de Quang Binh où, semble-t-il, il vient d’être reconduit récemment.

Le 9 octobre 1984, depuis le village de Vu Doai où il était exilé, le vénérable Thich Quang Dô écrivait une lettre ouverte à la municipalité de Hô Chi Minh-Ville. Il rappelait la mesure administrative qui le condamnait à l’exil et lui interdisait “de faire des prières pour les autresIl rappelait que sa mère de 85 ans avait été, elle aussi, conduite en exil avec lui, par la police et demandait que soit ouvert un procès qui détermine les crimes commis par sa mère et lui-même.

Dans une lettre ouverte récemment envoyée de France au premier ministre vietnamien, la “Ligue vietnamienne des droits de l’homme” mentionnait le cas des vénérables Duc Nhuân, Tue Sy (philosopheécrivain) et Tri Sieu (historien écrivant sous le nom de Lê Manh That), détenus dans des camps (17). Ces deux derniers avaient été condamnés à mort par le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville en 1988. A la suite de protestations venant du monde entier, leur peine avait été commuée à 20 ans de prison (18).