Eglises d'Asie

Tracasseries policières à l’occasion de l’ordination de l’évêque auxiliaire de Xuân Lôc

Publié le 18/03/2010




Le 7 mai 1992, à l’occasion de l’ordination épiscopale de Mgr Thomas Nguyên Van Tram, nouvel évêque auxiliaire du diocèse de Xuân Lôc (14), on a pu vérifier une fois de plus que les autorités vietnamiennes observent avec beaucoup de soin et une pointe d’inquiétude ce type de manifestation religieuse à grande affluence. Déjà au mois de décembre 1991, lors de l’ordination de l’évêque coadjuteur de Dalat, un contre-ordre venu de Hanoi, connu l’avant-veille de la cérémonie, avait obligé les organisateurs, au prix d’un travail de titan, a réinstaller sur le parvis de la cathédrale tout ce qui avait déjà été préparé sur le stade municipal.

Bien que moins visibles, les difficultés rencontrées par les organisateurs des cérémonies de la dernière ordination de Xuân Lôc n’en ont pas moins été réelles. Dès avant le 7 mai, date à laquelle a eu lieu la cérémonie du sacre, on avait fait savoir à l’évêque de Xuân Loc, qui est aussi le président de la Conférence épiscopale, que cette cérémonie devrait être l’objet d’une autorisation spéciale du pouvoir central. Comme la nomination du nouvel évêque par le Vatican avait déjà reçu l’approbation du gouvernement, l’évêque ne s’est pas senti obligé de demander cette autorisation.

Cette première difficulté qui n’a été réglée qu’à la dernière heure n’a pas empêché, loin de là, la foule d’affluer à cette cérémonie. Les 200 paroisses du diocèse de Xuân Lôc, le plus grand diocèse du Vietnam – il comporte 740 000 fidèles – avaient toutes envoyé des représentants. Des délégations de tous les diocèses du Nord, du Sud et du Centre étaient aussi arrivées le matin ou les jours précédents. Beaucoup de ces catholiques étaient venus en “honda”, ou en bicyclette, les deux moyens de locomotion les plus usités au Vietnam. Tout le long de la route, ils ont été l’objet de contrôles de la police qui a soigneusement vérifié les papiers dont ils étaient porteurs et les a interrogés sur le but de leur voyage, retardant ainsi leur arrivée à Xuân Lôc.

Malgré cela, à 9 heures du matin, le jour de la cérémonie, plus de 50 000 personnes selon certaines sources (15), près de 70 000 selon d’autres, se pressaient sur la superficie d’un hectare qui avait été déboisée devant le grand séminaire pour cette occasion. La cérémonie de l’ordination était présidée par Mgr Nguyên Minh Nhât, évêque de Xuân Loc, accompagné de 18 évêques; parmi eux se trouvait l’évêque de Hung Hoa, Mgr Nguyên Phung Hiêu qui devait décéder à Hô Chi Minh-Ville deux jours plus tard (16). Les deux évêques les plus proches, ceux de Hô Chi Minh-Ville, tous les deux souffrants, n’avaient pu se déplacer. 557 prêtres étaient aussi présents.

Dans l’après midi, beaucoup de participants à la cérémonie venus de loin se répandaient dans la ville où ils étaient accueillis par des parents et amis qui, souvent, les ont invités à passer la nuit. Mais, cette nuit-là, des centaines de maisons ont reçu la visite d’une police très vigilante. Les maîtres de maison, ayant accueilli des hôtes pour la nuit, sans permission préalable des autorités locales, se sont vu infliger une amende de 100 000 dôngs par personne illégalement hébergée.

Le 14 mai, à Hô Chi Minh-Ville pour sa première messe épiscopale dans la cathédrale de cette ville, Mgr Thomas Nguyên Van Tram a concélébré avec quatre évêques et de nombreux prêtres.