Eglises d'Asie

Les fondamentalistes hindous cherchent de nouveau à « reconvertir » des musulmans

Publié le 18/03/2010




L’Etat d’Uttar Pradesh est peut-être encore une fois à la veille d’une confrontation religieuse grave. Le VHP (« Vishwa Hindu Parishad » – « Alliance hindoue universelle ») semble en effet se préparer, avec la connivence du gouvernement BJP (« Bharatiya Janata Party » – « Parti du peuple indien », parti fondamentaliste hindou) (4), à « reconvertir » un groupe important de musulmans.

Environ 8 000 personnes sont visées par cet effort de reconversion. Elles appartiennent aux groupes « Gaddi » et « Gukkar », qui habitent respectivement au centre et à l’ouest de l’Etat. Les membres de ces deux communautés musulmanes correspondent à ceux de la caste hindoue des « Yadav ». Ils en partagent les coutumes et le mode de vie. Comme eux, ils sont traditionnellement bergers. Ils auraient été convertis à l’islam il y a un siècle ou deux.

Pour des raisons tactiques, le VHP n’a pas encore révélé les régions précises où doit porter son effort de reconversion. Le district de Faisabad, où se trouve Ayodhya (5), est très probablement sur la liste. Aucune date n’a encore été annoncée. Selon M. Gulab Singh Parihar, secrétaire du VHP pour l’Uttar Pradesh, les familles visées, bien que musulmanes, suivent les coutumes hindoues: « Ces personnes connaissent bien les hauts faits des dieux et déesses hindous, des rois et des sages qui sont en fait leurs ancêtres », affirme-t-il.

Il ajoute qu’on n’utilisera pas la force: seulement la persuasion. En fait l’opération commence habituellement par une intense propagande basée sur les faits légendaires attribués à Rama, Krishna et autres héros des grandes épopées hindoues. On demande ensuite aux futurs convertis de signer une pétition dans laquelle ils déclarent renoncer à l’islam. Suit une cérémonie d’initiation, ou de purification, au cours de laquelle les « néophytes » font au nom de Agni, dieu du feu, la promesse solennelle d’abandonner toutes les coutumes musulmanes et de vivre comme des hindous. On leur donne alors un nom hindou… et aussi, de l’aveu même de certains leaders du VHP, une certaine somme d’argent ou un lopin de terre.

Mais les problèmes commencent après la cérémonie. Beaucoup de ces « convertis » sont mal acceptés par leurs nouveaux coreligionnaires. Le statut social de ces anciens musulmans pauvres et de basse caste ne se trouve pas élevé par leur conversion à l’hindouisme. Ils ont du mal à s’intégrer dans leur nouvelle communauté.

Les militants VHP qui s’adonnent à cette activité de reconversion prétendent travailler au nom de l' »hindouité » (6) et de l’unité nationale (dans et par l’hindouisme). En fait, ces conversions risquent de détruire l’équilibre culturel de l’Etat d’Uttar Pradesh: les nouveaux convertis ne sont pas forcément conscients de cette difficulté; et le VHP ne s’en préoccupe pas le moins du monde.

Une campagne semblable avait été lancée, il y a deux ans, mais sans grand succès. Par contre, on aurait vu récemment, dans les Etats du Rajasthan et du Gujarat, respectivement 30 000 et 47 000 musulmans « revenir » à l’hindouisme.