Eglises d'Asie

Des écoles pour les enfants des rues à Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Près de deux mille enfants des rues, ceux que les Vietnamiens appellent “bui doi” (poussières de la vie), ont pu être scolarisés durant l’année scolaire 91-92, grâce à plus de 20 classes spéciales ouvertes et tenues par les religieuses de diverses congrégations de Hô Chi Minh-Ville (16). Ces classes officiellement appelées “classes de l’affection” (lop hoc tinh thuong) accueillent des enfants quelquefois orphelins de père ou de mère, quelquefois sans famille, mais, le plus souvent, appartenant à des familles sans domicile fixe, vivant sur les trottoirs ou les places publiques, ou encore dans les bidonvilles et les quartiers insalubres de certains arrondissements de Saigon.

La plupart de ces élèves, lorsqu’ils pénètrent pour la première fois dans ces classes de l’affection, n’ont pas encore reçu le moindre rudiment d’éducation à l’intérieur de leur famille et les premières heures de classe sont consacrées à l’apprentissage du savoir-vivre élémentaire. Ce n’est que plus tard que leur sont enseignés les premiers éléments des diverses disciplines scolaires de l’enseignement primaire.

L’objectif que se sont données ces classes est d’amener les élèves à un niveau scolaire tel qu’ils puissent fréquenter les écoles officielles comme les autres enfants de leur âge plus favorisés. Cependant, cela est difficile car leur niveau scolaire ne constitue pas le seul problème. Ils sont souvent, à cause de leurs origines, démunis de tout papier, sans livret familial et sans aucun moyen financier alors que désormais toutes les écoles publiques sont payantes au Vietnam: c’est d’ailleurs là l’une des grandes causes de la désaffection des enfants des familles pauvres pour l’école. Les religieuses sont souvent amenées à s’occuper des familles pour essayer de compenser le manque à gagner causé par la scolarisation des enfants qui exerçaient auparavant un petit métier.

C’est au mois de novembre 1988, avec l’approbation et les encouragements du Front patriotique, que les filles de la Charité avaient fondé la première classe de l’affection dans leur couvent de la rue Tu Xuong. La première année, la classe réunissait 18 jeunes gens dont l’âge moyen avoisinait les 15 ans. En 1988, pour limiter les effectifs de la classe à 30 élèves, les responsables furent obligées de refuser un grand nombre de demandes. En 1990, les filles de la Charité ouvraient 3 autres classes, puis, dans les années suivantes, 6 autres encore.

Au cours de l’année scolaire 1991-1992, les religieuses de Saint Vincent de Paul ont accueilli dans ces classes plus de 350 enfants des rues. Désormais, elles ne sont plus les seules à se livrer à ce travail d’éducation, puisque un grand nombre de congrégations féminines de Hô Chi Minh-Ville ont, à leur tour, ouvert des classes de l’affection pour les enfants les plus défavorisés de leurs quartiers.

Après l’ouverture des écoles maternelles, celle de ces classes de l’affection constitue une deuxième étape importante pour les religieuses de Hô Chi Minh-Ville. Elle consacre leur retour vers les tâches éducatives et sociales auxquelles elles se dévouaient traditionnellement avant le changement de régime de 1975. Il semble que cette coopération soit particulièrement appréciée des autorités qui y voient un moyen de lutter contre la désaffection toujours plus grande de la population enfantine de Saigon pour l’école (17).