Eglises d'Asie

Mindanao: chrétiens et musulmans cherchent à désamorcer les tensions interreligieuses

Publié le 18/03/2010




Dans plusieurs villes de l’île de Mindanao, des chrétiens et des musulmans s’efforcent de reprendre le dialogue en vue de rétablir la paix religieuse. Celle-ci, en effet, a été gravement troublée au cours des derniers mois.

Le jour de Pâques, six personnes avaient été tuées et 82 autres blessées dans la cathédrale d’Iligan City (15). Quelques jours plus tard, dans la ville voisine de Kauswagen, des ouvriers travaillant pour l’ancien maire chrétien étaient massacrés par un groupe de Maranaos musulmans. Le 4 juin 1992, 9 membres d’une famille musulmane étaient égorgés à Iligan.

Pour le chef de la police de la ville, ces crimes – et ceux qui les ont précédés – sont imputables à des jalousies ou des rivalités entre commerçants. Ils ne seraient en rien, affirme-t-il, l’aboutissement “d’un conflit entre musulmans et chrétiens: ce sont simplement des assassinats”.

Mais M. M. Abdullah Dalidig, président de la Fédération des associations islamiques, constate que cette série de meurtres a provoqué la colère des musulmans d’Iligan et de Marawi: “Beaucoup, dit-il, se sont regroupés pour descendre sur Iligan. Non pas pour y jeter le désordre: ils voulaient seulement manifester leur solidarité avec leurs frères musulmans. Nous avons eu beaucoup de mal à les calmer”.

Dans cette même ville d’Iligan, le “Comité d’action en cas de catastrophe” (Disaster Response Committee”), organisation chrétienne en faveur de la paix, a publié un communiqué: “Même si les meurtres n’ont pas été motivés par des querelles religieuses ou culturelles, beaucoup y ont immédiatemment vu les résultats d’un conflit entre musulmans et chrétiens”. Un groupe analogue, formé par des musulmans dans la ville de Marawi, ajoute: “La vérité sur ces assassinats n’apparaît pas encore clairement aux yeux de la population ni des forces de police. Le bruit court cependant qu’ils avaient pour but de rallumer et d’alimenter le conflit islamo-chrétien”. Sans attendre une action éventuelle du gouvernement, les deux associations ont décidé de se rencontrer et de se parler. Un comité islamo-chrétien pour la paix et la réconciliation doit être formé, pour encourager le dialogue.

Par ailleurs, au cours d’une réunion présidée par Mgr Fernando Capalla, évêque d’Iligan, a été décidée la fondation d’un Conseil pour la paix et l’unité, comportant des chrétiens et des musulmans. A Marawi, le 18 juin 1992, la police, des organisations de citoyens et l’Eglise catholique ont de leur côté inauguré le dialogue entre musulmans et chrétiens. Les participants expliquent ainsi leur but: “Nous voulons d’abord commencer par analyser la situation actuelle, puis nous chercherons des moyens de réduire les tensions et de mettre fin à toute forme de violence”.