Eglises d'Asie

Un appel pour sauvegarder la pureté de la “perle d’Extrême Orient”

Publié le 18/03/2010




“Notre peuple a déjà versé trop de sueur, de pleurs et de sang pour se libérer du joug étranger. Ne laissez pas l’héroïque peuple vietnamien retomber sous l’esclavage de l’argent étranger”. C’est par cette apostrophe que s’achève la lettre ouverte adressée au premier ministre Vo Van Kiêt, à la fin du mois de juin 1992, par le rédacteur en chef de l’organe du Comité d’union du catholicisme, le P. Truong Ba Can (11).

L’occasion de ce cri d’alarme est un projet d’aménagement touristique qui a déjà suscité un concert de protestations à Hô Chi Minh-Ville. Au mois de mai 1992, il a en effet été envisagé d’ouvrir un gigantesque complexe touristique de 350 hectares à l’intérieur de la réserve forestière de Thu Duc près de Hô Chi Minh-Ville, sans aucune considération pour l’écologie et pour la récente interdiction ministérielle concernant l’abattage des arbres au Vietnam. Ce projet qui comprend la création d’un champ de golf, de 10 courts de tennis, d’un hôtel de 120 chambres et de 150 villas particulières, devrait être financé par des capitaux d’origine taiwanaise (12).

Cependant, la deuxième partie de la lettre ouverte élargit considérablement le débat et met directement en cause la moralité de la récente ouverture économique. Le ton de la lettre rejoint alors celui de l’organe de l’armée populaire (Quan Dôi Nhân Dân) qui lui aussi, a plusieurs fois, mis en garde ses lecteurs contre tous les dangers que font courir au peuple vietnamien les investissements du capitalisme international (13) :

“A vrai dire, jamais encore sous les régimes précédents, même aux périodes de plus grande prospérité, personne n’avait pensé à transformer Saigon (sic), “la perle d’Extrême Orient”, en un gigantesque centre de jeux et de plaisirs en tout genre. A l’époque où un demi-million de soldats américains cantonnaient au Sud-Vietnam, les boîtes de nuit et les snack-bar avaient certes poussé comme des champignons pour satisfaire leurs besoins; mais, ces établissements avaient ensuite disparu peu à peu, au rythme du retrait des troupes yankees. Les patrons de RMK (14), les officiers supérieurs, avaient, eux, la possibilité de prendre l’avion, toutes les semaines, pour la Thailande où ils trouvaient des champs de golf, des salles de jeux et des filles.

Or, aujourd’hui, en plein régime socialiste, insidieusement et par divers moyens, une évolution dangereuse est en train de se faire jour : la transformation de Hô Chi Minh-Ville en un deuxième Bangkok pour remplacer la capitale de Thaïlande à tel point infectée par le sida que les millionnaires de la “jet society” ne s’y sentent plus en sécurité pour leurs jeux et leurs plaisirs.”