Eglises d'Asie

COMMUNIQUE CONCERNANT LA DECISION DU VATICAN D’INTERDIRE AUX PRETRES DE PARTICIPER AU COMITE D’UNION, AUX ORGANISATIONS SOCIALES ET A L’ASSEMBLEE NATIONALE

Publié le 18/03/2010




Bureau des Affaires religieuses République socialiste du Vietnam

————– Indépendance, liberté, bonheur

n° : 09 TB/TGCP

Hanoi, le 22 août 1992

A la fin du mois de juin, à l’occasion de la visite d’une délégation du gouvernement à Rome et des négociations qu’elle a menées avec le Vatican, celui-ci lui a communiqué l’information suivante : à la fin du mois de mai, le Vatican a fait parvenir à l’évêque Nguyên Minh Nhât, président de la Conférence épiscopale du Vietnam, sa décision d’interdire aux prêtres du Vietnam de participer au Comité d’union, aux organisations sociales et à l’Assemblée nationale. Cette décision s’appuyait sur une autre décision du Vatican datée de 1982.

La délégation a dit ceci au Vatican: “Les prêtres et les fidèles chrétiens sont des citoyens du Vietnam. Une telle interdiction est contraire à la constitution du Vietnam, aux droits du citoyen et aux droits de l’homme. Elle s’oppose aussi aux accords passés précédémment selon lesquels tout ce que le Vatican désirait réaliser au Vietnam devait faire l’objet d’une discussion préalable avec le gouvernement vietnamien. Cette interdiction ne peut être acceptée par le gouvernement.

Au cours de la résistance contre les Américains et pour le salut de notre peuple, de nombreux prêtres, des fidèles patriotes ont participé au Comité d’union. Ils ont apporté leur contribution à la lutte du peuple et honoré ainsi toute la communauté catholique du Vietnam. Le Comité d’union est une organisation sociale chargée d’unifier tous les croyants, tous les ecclésiastiques patriotes dans un mouvement au service du sacré comme du profane. Le Comité d’union n’est pas une organisation intermédiaire entre le gouvernement et l’Eglise. Il n’intervient pas dans les affaires religieuses de l’Eglise. Le Vatican mettra l’Eglise du Vietnam dans une situation difficile si celle-ci doit obliger ses prêtres à se retirer du Comité d’union, des organisations sociales et, ce qui est encore plus grave, de l’Assemblée nationale.

Quelle sera alors l’appréciation du peuple vietnamien sur l’Eglise ? Quels seront alors les liens de l’Eglise avec le peuple ? Comment pourra-t-elle réaliser sa résolution de vivre l’évangile au sein de son peuple (1) ? Plus sérieusement encore, on peut se demander quel sera le jugement porté par le gouvernement et l’Assemblée nationale sur l’Eglise du Vietnam, lorsque celle-ci aura obligé ses prêtres à renoncer à leur mandat de député. Cela, très certainement, ne rehaussera pas le prestige du Vatican et de l’Eglise du Vietnam. Au moment où les relations entre le Vatican et le gouvernement vietnamien connaissent une période favorable, cette interdiction ne manquera pas de constituer un obstacle”.

La délégation du gouvernement a proposé de ne pas donner suite à cette interdiction au Vietnam. Le gouvernement vietnamien donnera une réponse officielle au Vatican et à l’Eglise du Vietnam. Ensuite la délégation du Saint-Siège a répondu que le Vatican respectait la législation du gouvernement vietnamien et qu’il demanderait à l’Eglise du Vietnam d’observer les lois de l’Etat du Vietnam.

A son retour à Hanoi, la délégation a rendu compte au gouvernement. Celui-ci a répondu officiellement comme suit à la secrétairerie d’Etat du Vatican:

“La décision du Vatican est contraire à la constitution et à la législation du Vietnam en ce qui concerne les droits du citoyen et des droits de l’homme. Le gouvernement vietnamien ne peut l’accepter. Cette décision du gouvernement sera communiquée à l’Eglise du Vietnam”.

Le Bureau des affaires religieuses se permet de communiquer le contenu de cette lettre aux diverses instances administratives, aux bureaux provinciaux ou municipaux des Affaires religieuses et au comité central du Front patriotique, en leur proposant de faire connaître l’attitude du gouvernement aux prêtres appartenant au Comité d’union et aux divers comités du Front patriotique, de même qu’aux Evêques, prêtres et fidèles de l’Eglise catholique dans toutes les régions.

Copie : n° 11/MTTP

Suite à l’opinion n° 116/SY du 26/8/92, exprimée par le bureau des Affaires religieuses, le Front patriotique de la ville envoie une copie aux comités du Front des 23 districts de la ville ainsi qu’à tous les prêtres.

Si quelque incident se produisait parmi les prêtres, nous proposons aux comités populaires et aux comités du Front des districts d’en informer les comités municipaux.

Le 31 août 1992

Pour le comité municipal du Front patriotique de Biên Hoa (2)