Eglises d'Asie

Le gouvernement vietnamien s’oppose à l’application des directives de Rome concernant la participation des prêtres au Comité d’union.

Publié le 18/03/2010




« La décision du Vatican est contraire à la constitution et à la législation du Vietnam en ce qui concerne les droits du citoyen et les droits de l’homme. Le gouvernement vietnamien ne peut l’accepter ». C’est en ces termes que les autorités vietnamiennes viennent d’opposer un refus formel aux récentes directives de la secrétairerie d’Etat concernant la participation des prêtres au Comité d’union du catholicisme. Ces directives avaient été communiquées au président de la Conférence épiscopale dans une lettre qui lui a été envoyée au cours du mois de mai 1992 (15). Le gouvernement a fait connaître son refus le 22 août 1992 dans un communiqué du Bureau des affaires religieuses (16) qui a reçu une diffusion exceptionnelle, puisque il a été adressé non seulement à toutes les instances administratives régionales, mais aussi « aux évêques, prêtres et fidèles de l’Eglise catholique dans toutes les régions ».

Avant de faire connaître la réponse définitive du gouvernement, le communiqué fait état de la discussion qui a eu lieu à Rome entre la délégation vietnamienne et ses interlocuteurs romains, au sujet de ces directives. Les délégués se sont opposés à l’interdiction qui, selon le communiqué, visait la participation des prêtres aux associations que le communiqué énumère ainsi :  » … (Le) Comité d’union, (les) organisations sociales, et l’Assemblée nationale ». Certes, le texte de la secrétairerie d’Etat ne laissait aucun doute sur l’objet principal de l’interdiction, à savoir la participation au Comité d’union. En effet, il affirmait clairement :  » … C’est précisément à la lumière de cette « vue juste des rapports entre la communauté politique et l’Eglise » (ibid.) que le code de droit canonique demande aux clercs de « s’abstenir de fonder des associations dont le but ou l’action sont incompatibles avec les obligations propres, ou peuvent entraver l’accomplissement diligent de la charge qui leur a été confiée par l’autorité ecclésiastique compétente » (can. 278, ; 3) ».

C’est aussi le Comité d’union que visait le document romain en faisant référence à la « Déclaration de la Sacrée congrégation pour le clergé sur certaines associations ou mouvements interdits aux clercs » du 8 mars 1982 (17), envoyée à la Conférence épiscopale dans le même courrier, accompagnée d’un commentaire qui avait paru dans l' »Osservatore romano ».

Mais pour le reste, le texte romain s’était contenté de parler, d’une manière générale, de participation des prêtres à l’exercice du pouvoir civil : « C’est aussi en raison de la nécessité de garder une claire distinction entre les organisations ecclésiastiques et civiles, et de protéger l’identité sacerdotale, que le code de droit canonique interdit également « aux clercs de remplir les charges publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil » (can. 285, ; 3) ».

La lettre romaine à la Conférence épiscopale du Vietnam avait mis en cause le rôle d’intermédiaire entre l’Eglise et le pouvoir que, selon certains, pourrait jouer le Comité d’union :  » … Les autorités peuvent trouver en la personne de l’évêque diocésain leur interlocuteur naturel. Etant donné, par ailleurs, le commencement de dialogue entre le Saint-Siège et le gouvernement de Hanoi pour l’étude de la solution des différents problèmes pastoraux en suspens, l’existence et l’action du comité ne semblent pas nécessaires ». La délégation avait nié que le gouvernement veuille se servir du Comité comme d’un organe intermédiaire entre l’Etat et l’Eglise. Pour lui le Comité est avant tout l’instrument de l’unification des croyants et sert des intérêts aussi bien profanes que religieux.

Nous n’avons encore que très peu d’échos sur les effets qu’a pu entraîner dans l’Eglise vietnamienne l’attitude négative du gouvernement à l’égard des directives romaines.