Eglises d'Asie

UN ENTRETIEN AVEC LE NOUVEAU GOUVERNEUR, M. SOARES Les relations entre le gouvernement provincial et l’Eglise locale

Publié le 18/03/2010




Quelles relations le gouvernement de Timor Oriental entretient-il avec l’Eglise ?

Entre le gouvernement provincial et l’Eglise locale, les relations sont très bonnes. Les deux institutions se complètent au service de la population de Timor Oriental.

Comme homme de gouvernement, comment évaluez-vous le rôle de l’Eglise à Timor Oriental?

Conformément à sa nature, l’Eglise se présente et agit comme institution morale et spirituelle. C’est à ce titre qu’elle a beaucoup contribué au processus d’intégration, en faisant prendre conscience à la population de Timor Oriental de l’importance de cette intégration.

Déjà à l’époque portugaise, l’Eglise a joué un rôle majeur dans le développement de la vie intellectuelle du peuple de Timor Oriental, par ses établissements scolaires. Parce qu’elle est très proche des gens, l’Eglise est à mon avis l’institution qui connaît le mieux la population. C’est pourquoi je pense que le gouvernement doit continuer de coopérer étroitement avec l’Eglise et développer avec elle la complémentarité présente. Compte tenu du rôle de l’Eglise, le gouvernement se doit d’apporter son soutien à ses activités.

Quel genre de soutien ?

Disposer de bons lieux de culte et d’un nombre suffisant de prêtres est essentiel pour développer la foi religieuse du peuple. Le gouvernement provincial a projeté une aide à la construction des églises et des presbytères dans tous les sous-districts de la province. Les fonds nécessaires seront prélevés sur l’aide du gouvernement central. D’autre part, je sais que le diocèse de Dili manque encore de prêtres. Aussi, comme catholique, je ferai de mon mieux pour aider à trouver des prêtres. C’est d’ailleurs pourquoi je viens de saisir l’occasion de mon séjour à Jakarta pour rendre visite à l’archevêque de Jakarta, Mgr Leo Soekoto, et lui demander d’envoyer des prêtres à Timor Oriental, surtout pour le soin des catholiques des zones rurales. A cause du manque de prêtres, beaucoup de catholiques ne peuvent pas participer régulièrement à la messe du dimanche. Je me rends compte, comme catholique, combien un service dominical sans prêtre est incomplet.

La présence des prêtres dans les villages est aussi d’un grand secours pour le gouvernement à cause du rôle qu’ils jouent pour améliorer la foi du peuple, sa mentalité et sa moralité. Ils peuvent aussi donner des conseils aux villageois dans le domaine social et économique pour les aider à augmenter leur bien-être.

Quelle est votre stratégie de développement pour les cinq années à venir ?

Je poursuivrai la politique de développement définie par mon prédécesseur, l’ancien gouverneur Mario Viegas Carrascalao, mais en insistant davantage sur l’amélioration de la vie religieuse du peuple. Je suis d’avis que plus le peuple devient religieux, plus s’élève la qualité de sa vie sociale.

Quels sont les obstacles au développement de Timor Oriental ?

Le principal obstacle est le chômage, au point que la création de postes de travail pour les demandeurs d’emplois de plus en plus nombreux reste une priorité. 50% des demandeurs d’emploi de la province ont fait des études secondaires ou sont diplômés de l’université. Ces jeunes représentent une énorme force potentielle, capable de faire rattraper son retard à Timor Oriental si le gouvernement peut les orienter correctement. Mais ils peuvent devenir aussi une force destructrice si l’on ne trouve pas une solution immédiate au problème du chômage.

Je continuerai à encourager les investisseurs à engager leurs capitaux à Timor Oriental. Quelques entreprises y travaillent déjà, mais leur activité reste liée aux projets gouvernementaux.

Quelle est l’importance du Fretilin, la guérilla qui combat le pouvoir indonésien ?

On estime à 200 personnes le nombre de ses membres. Et ils ne disposent pas de bonnes armes. Leur influence a donc cessé d’être importante. Je crois que si le gouvernement adopte une attitude humaine et amicale, ils se résoudront à rejoindre la République.

L’influence portugaise sur la société de Timor Oriental reste-t-elle profonde ?

Je dois admettre que l’époque coloniale portugaise, qui a duré 450 ans, a laissé dans la population des traces profondes. La culture portugaise a si profondément pénétré la vie du peuple de Timor Oriental que sa culture d’origine semble avoir disparu. Les Portugais ne représentaient que sept pour cent de la population, mais leur influence, en particulier sur les noms et sur les coutumes, est difficile à éliminer. C’est le moment pour les intellectuels de Timor Oriental de travailler ensemble à ramener au jour notre culture d’origine si longtemps enfouie, pour enrichir notre trésor culturel national indonésien.