Eglises d'Asie

Les observateurs s’interrogent sur la politique du nouveau gouverneur à l’égard du mouvement indépendantiste

Publié le 18/03/2010




M. Abilio Jose Osorio Soares, qui a pris ses fonctions de nouveau gouverneur de Timor oriental en septembre 1992 (13), fut dans les années 1970, à l’époque des Portugais, un membre influent du parti pro-indonésien « Apodeti » qui soutenait l’intégration de la province dans l’Indonésie (14). Depuis l’annexion de 1975, M.Soares, Timorais de forte carrure, les bras tatoués et le visage barré d’une forte moustache à la Pancho Villa, ne s’est pas fait la réputation d’un tendre comme maire de Dili puis préfet de Manatuto. Ses adversaires du Fretilin l’accusent d’avoir pratiqué la torture et le qualifient de « criminel ». Aux yeux de certains observateurs, son arrivée au poste de gouverneur confirme la volonté de l’Indonésie d’en finir à tout prix avec les indépendantistes (15).

Pourtant M.Soares a déclaré au cours d’une interview récente que les guérilleros du Frétilin, qui ne seraient plus guère que deux cent, rejoindraient peut-être les rangs de la République si le gouvernement savait adopter une attitude humaine à leur égard (16).

Le magazine indonésien « Forum Keadilan » attribue à M. Soares des propos différents qu’il aurait récemment tenus au sujet des victimes de la tragique fusillade de novembre 1991. Il aurait estimé que les troupes indonésiennes auraient dû abattre davantage de manifestants indépendantistes : « A mon avis, aurait-il déclaré, davantage de monde aurait dû être tué. Pourquoi seulement ce nombre de morts ? Pourquoi pas tous les mille ? » Selon une dépêche de l’agence Reuter de Jakarta, ces remarques prêtées au gouverneur de Timor oriental n’ont pas été confirmées de source officielle.

Le gouvernement indonésien a admis que la fusillade de novembre 1991 avait coûté la vie à 50 personnes et laissé 66 disparus. Mais les témoignages font conclure à un nombre bien plus élevé de victimes (17).

En Australie, le ministre des Affaires étrangères, Gareth Evans, a commenté au parlement les propos qu’aurait tenus M. Soares sur les victimes du 12 novembre 1991 et les a trouvés « particulièrement surprenants de la part de quelqu’un qui est lui-même Timorais » (18).