Eglises d'Asie

Une enquête de parlementaires britanniques sur la liberté religieuse remise à plus tard

Publié le 18/03/2010




Le 26 septembre dernier, quelques jours seulement avant son départ pour le Vietnam, où elle comptait mener une enquête au sujet des violations du droit à la liberté religieuse en ce pays, une délégation de parlementaires britanniques a été informée par un représentant du Vietnam en Grande-Bretagne que le voyage ne pourrait avoir lieu à la date prévue. Selon le responsable vietnamien, les dates du voyage projeté coïncidaient avec celles d’un grand rassemblement politique à Hanoi, probablement la réunion de l’Assemblée nationale qui s’est effectivement déroulée dans la capitale du 19 septembre au 8 octobre 1992.

Le projet de voyage émanait pourtant de l’ambassadeur du Vietnam en Grande-Bretagne lui-même. Celui-ci a reçu, le 8 juillet dernier, un parlementaire britannique, M. David Alton, fondateur de “Jubilé”, une association chrétienne pour les droits de l’homme, venu lui faire part de l’inquiétude de son association au sujet du sort de 14 chrétiens emprisonnés ou en camp de travail. Après avoir justifié la politique religieuse de son gouvernement, l’ambassadeur l’a invité à se rendre sur place et lui a déclaré que les membres de l’association auraient la possibilité de rencontrer des chrétiens vietnamiens détenus en prison ou en camp de travail.

La liste des 14 détenus que l’association britannique désirait rencontrer comptait 7 catholiques et 7 protestants.

Deux des catholiques de la liste sont aujourd’hui sortis de prison. Le Père Lê Thanh Quê, l’un des pères jésuites arrêtés en 1980 pour l’affaire du centre “Alexandre de Rhodes” (19), a été le dernier d’entre eux à être libéré au mois de novembre 1991, à l’occasion d’une visite au Vietnam du ministre français des Affaires étrangères (20). Le Père Nguyen Van Ly, prêtre du diocèse de Huê, arrêté en 1983, vient d’être rendu à la liberté le 31 juillet 1992 (21).

Deux autres catholiques sont en résidence surveillée depuis le 15 mai 1990. Il s’agit du P. Chân Tin, relégué dans une petite paroisse du district de Duyên Hai, et de M. Nguyên Ngoc Lan, assigné à résidence dans sa propre demeure. Ces deux animateurs d’un mouvement pour l’indépendance de l’Eglise (22) étaient aussi co-signataires d’une lettre ouverte adressée à l’épiscopat vietnamien le 15 août 1990. Deux autres signataires de cette lettre, toujours incarcérés, le professeur Ngô Van An condamné à 3 ans de rééducation par le travail (23) et le juriste Doan Thanh Liêm, arrêté en avril 1990 et condamné le 14 mai 1992 à 12 ans de prison (24), ne figurent pas sur la liste des parlementaires britanniques.

Les trois autres catholiques cités sont toujours en prison. Le Père Tran Dinh Thu, supérieur de la congrégation de Marie corédemptrice, a été arrêté en mai et condamné en octobre 1987, avec 23 autres de ses confrères (25) dont plus de 10 encore incarcérés ne sont pas mentionnés sur la liste en question. Le Père Nguyen Van Dê, quant à lui, faisait partie d’un groupe de 10 catholiques, prêtres, religieuses et laïcs, tous membres d’un groupe de piété mariale, arrêtés en 1986, jugés réactionnaires par le pouvoir et condamnés à ce titre, le 10 août 1990, par le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville (26). Plusieurs d’entre eux n’ont pas encore fini de purger leur peine. Enfin, la liste mentionne le nom d’un autre catholique emprisonné, Hilaire Tri Tam Do.

Sur les 7 protestants désignés, les uns appartiennent à des minorités ethniques des hauts plateaux du Centre-Vietnam, et les autres ont été arrêtés pour avoir présidé des assemblées liturgiques dans des maisons privées (27).

Le voyage des parlementaires britanniques au Vietnam a finalement été repoussé à une date ultérieure en 1993.