Eglises d'Asie

Le gouvernement du Tamil Nadu a retiré ses projets de loi sur les écoles des minorités

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement du Tamil Nadu a retiré, le 2 novembre 1992, deux projets de loi qui visaient à réglementer les écoles tenues par des minorités dans cet Etat du Sud. Mais il va introduire un nouvel amendement pour protéger les intérêts des enseignants.

La décision fait suite aux protestations du Front uni formé par des groupes chrétiens, musulmans, sikhs et Jains, contre une ingérence gouvernementale dans les 7 000 écoles et collèges de minorités du Tamil-Nadu. En avril 1992, le gouvernement de cet Etat, dirigé par la seule femme de l’Inde premier ministre, Jayalalitha Jayaram, prépara deux projets, subordonnés à l’approbation du président de l’Inde pour devenir des lois. Dans le but d’empêcher une mauvaise gestion des institutions scolaires des minorités et de protéger les droits des enseignants et des élèves, ces lois auraient mis en cause l’acte de reconnaissance des écoles et collèges privés, qui date de 1976.

Puis le 3 juin 1992, le gouvernement du Tamil Nadu publia un décret par lequel cinquante pour cent des places dans les établissements scolaires des minorités devaient être réservées à des élèves d’autres communautés. Lors d’une rencontre des minorités à Madras, le 25 juillet 1992, ces projets de loi furent dénoncés comme une tentative destinée à priver les minorités de leur droit légal “d’établir et d’administrer les institutions de leur choix”. Le président de l’Inde fut sommé de les rejeter parce qu’ils semaient “la défiance et la suspicion” chez les minorités et faisaient obstacle au progrès de l’enseignement et à l’intégration nationale.

Avant la rencontre, l’archevêque de Madras-Mylapore, Mgr Casimir Gnanadickam, président de la commission épiscopale de l’enseignement, avait incité les évêques, les prêtres et les directeurs des écoles à écrire aux autorités de l’Etat pour qu’elles retirent leurs projets de loi.

Le 24 septembre 1992, environ 800 000 personnes assistèrent à Tituchirappalli, à 320 km au sud de Madras, à un rassemblement des minorités au cours duquel les dirigeants du Front uni menacèrent de fermer indéfiniment les écoles si le gouvernement ne retirait pas ses projets (9).

Ceux-ci avaient cependant reçu le soutien de quelques membres du personnel enseignant des écoles des minorités, qui se disaient médiocrement traités par leurs administrations. En octobre, au cours de pourparlers avec les dirigeants du Front uni, les autorités du Tamil Nadu présentèrent leurs mesures législatives comme un moyen de sauvegarder les intérêts des maîtres. Le Front uni des minorités obtint que la question des conditions de travail des enseignants fût l’objet d’un autre amendement.

Le 30 octobre 1992, le ministre de l’éducation du Tamil Nadu, Aranganayagam, annonça le retrait des projets de loi et leur remplacement par un nouvel amendement gouvernemental pour la protection des intérêts des enseignants. “Nous sommes heureux de la décision du gouvernement” a dit Mgr Gnanadickam. Au cours d’un entretien, le 3 novembre 1992, l’archevêque a déclaré que le gouvernement avait fait montre d’ouverture d’esprit dans sa discussion avec les représentants du Front uni des minorités. Il a ajouté que les droits de ces minorités et ceux des enseignants ne sont pas opposés.