Eglises d'Asie

PROPOSITIONS DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU VIETNAM

Publié le 18/03/2010




République socialiste du Vietnam

Indépendance – Liberté – Bonheur

Hanoi, le 18 octobre 1992 adressées à monsieur le premier ministre

de la République socialiste du Vietnam

ainsi qu’au Bureau des affaires religieuses du gouvernement.

Monsieur le premier ministre,

Nous, les évêques du Vietnam, assemblés à Hanoi pour la cinquième réunion de notre conférence, vous adressons nos salutations et nos voeux de réussite dans la tâche qui est la vôtre à la tête du gouvernement.

Nous accueillons avec joie et dans l’espérance les changements en train de se réaliser dans notre pays, dont un certain nombre concernent le domaine religieux. Cependant, conscients de la responsabilité qui est la nôtre à l’intérieur de la communauté nationale vis-à-vis de nos compatriotes catholiques, de leur bonheur et de leur vie morale, nous ne pouvons que nous inquiéter et nous préoccuper des difficultés rencontrées encore aujourd’hui par l’Eglise vietnamienne. Nous voudrions, en toute franchise, vous les exposer, à vous ainsi qu’à votre gouvernement.

I – Le fonctionnement de la Conférence épiscopale

Organe responsable de la communauté catholique en ce pays, la Conférence épiscopale du Vietnam doit jouir d’un certain nombre de conditions et de moyens d’action adaptés à sa qualité de représentant de l’Eglise catholique du Vietnam. C’est pourquoi, nous demandons que nous soient accordées les libertés suivantes:

– La liberté de nous réunir lorsque le besoin s’en fait sentir et à l’endroit que nous jugeons opportun.

– La liberté pour les évêques de circuler dans leurs diocèses pour y remplir leur charge. En effet, dans un certain nombre d’endroits, les évêques sont obligés d’avertir les autorités lorsqu’ils vont exercer leur ministère à l’intérieur de leur propre diocèse.

– La possibilité de faire entendre notre voix auprès du Saint-Siège et des Eglises des autres pays, de partager leurs responsabilités, par exemple en collaborant aux travaux des organismes centraux de l’Eglise lorsque nous y sommes conviés; la possibilité d’établir des relations avec les autres Conférences épiscopales, de participer à leurs réunions, en particulier dans le cadre de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie.

– La possibilité de publier une revue d’information et de liaison qui en même temps assurera la diffusion de l’Ecriture sainte et de l’instruction religieuse; nous devrions aussi jouir d’une plus grande facilité pour l’impression et la publication de livres à caractère religieux.

II – La formation et l’administration du personnel

Pour l’Eglise comme pour n’importe quelle organisation sociale dans le pays ou dans le monde, la formation et l’administration du personnel sont des nécessités dont elle ne peut se passer. L’Eglise du Vietnam doit disposer d’un personnel suffisant pour le service du peuple chrétien. Or, jusqu’à présent, pour tout le pays, il n’existe que 5 grands séminaires abritant un nombre d’étudiants très limité. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement:

– La possibilité d’ouvrir de nouveaux séminaires.

– La possibilité pour nos séminaires d’accueillir des candidats chaque année comme c’est le cas pour les autres écoles universitaires (actuellement, il n’y a qu’un recrutement tous les trois ans).

– La possibilité de recruter un nombre de candidats correspondant aux besoins de chaque diocèse (actuellement le nombre fixé est insuffisant par rapport aux besoins).

– La possibilité de créer dans chaque diocèse des écoles religieuses destinées à préparer des candidats pour les grands séminaires.

– La possibilité d’ordonner prêtre quiconque sera jugé digne de l’être par son évêque en conformité avec les prescriptions de l’Eglise.

– La possibilité de déplacer les prêtres dans le cadre du diocèse ou en dehors du diocèse, ou encore d’une partie du Vietnam à l’autre, en fonction des besoins pastoraux déterminés comme tels par les évêques pour le service des fidèles.

– La possibilité pour les prêtres revenant de rééducation de recouvrer leurs fonctions et d’exercer leur ministère.

– La possibilité pour les membres du personnel d’Eglise, lorsque le besoin s’en fait sentir, d’aller faire des études, ou des sessions de recyclage à l’étranger, de participer à des congrès internationaux, pour qu’à leur retour, ils accomplissent encore mieux leur ministère.

– La possibilité pour les congrégations et ordres religieux de recruter, de former du personnel et de le déplacer en fonction des besoins du service et de leur compétence.

– La possibilité pour ceux qui le veulent d’adhérer à la religion sans en être empêchés ou dissuadés.

III – Les infrastrucures matérielles de l’Eglise

Actuellement, en beaucoup de régions, l’Eglise manque de lieux de culte et d’activités, c’est pourquoi nous formulons les propositions suivantes:

– que nous soient rendus les églises, les presbytères, les séminaires, les couvents et les terrains qui ont été réquisionnés ou confisqués, ou encore utilisés à des usages qui ne leur conviennent pas.

– que nous puissions facilement réparer, restaurer ou édifier les lieux de culte et d’activités en fonction des besoins religieux.

Monsieur le premier ministre, les propositions ci-dessus répondent à des besoins tout à fait normaux pour n’importe quelle organisation reconnue par les autorités. Ce sont aussi les aspirations légitimes du clergé et du laïcat vietnamiens. Leur réalisation créerait un nouveau climat et donnerait un élan nouveau à l’oeuvre d’édification et de défense de la patrie. Nous vous prions de bien vouloir leur accorder votre attention et d’y apporter une réponse.

Avec nos salutations respectueuses.

Pour la Conférence épiscopale du Vietnam

Le président: Mgr Nguyen Minh Nhât

Le secrétaire général: Mgr Lê Phong Thuân