Eglises d'Asie

Un leader de l’opposition reproche au gouvernement de favoriser la prédominance politique de l’islam

Publié le 18/03/2010




De l’avis d’une éminente personnalité politique catholique, Nico Daryanto, la domination croissante de l’islam dans la politique indonésienne provient de la décision de 1973 du gouvernement de limiter à trois le nombre des partis.

Nico Daryanto est secrétaire général du parti démocratique indonésien. Sa position de chef du groupe de ce parti à l’assemblée consultative du peuple fait de lui le seul catholique qui y tienne une position-clé. C’est au cours d’un discours adressé le 6 novembre à l’association des hommes d’affaires catholiques, qu’il a rappelé les conséquences de la réduction du nombre des partis.

La mesure prise en 1973 par le régime de l’Ordre nouveau, que le président Suharto dirigeait depuis mars 1966, a eu pour effet de renforcer les factions musulmanes dans le gouvernement, puisque les membres des dix anciens partis se sont retrouvés, soit au parti unifié du développement, qui a regroupé tous les partis islamistes, soit au parti démocratique indonésien, formé de chrétiens et de nationalistes, soit au parti au pouvoir, le Golkar, qui regroupe la plupart des fonctionnaires et des enseignants.

“Au début, explique Daryanto, je fus surpris par cette politique de fusion, contraire à la pensée du défunt président Soekarno selon qui les groupes religieux ne doivent pas être autorisés à former des forces politiques puissantes,capables de désintégrer la nation”. Or la fusion des partis a contraint les hommes politiques musulmans à consolider leur unité en renonçant à des amitiés anciennes. Et 85 % environ des Indonésiens sont musulmans.

Dans le parti Golkar qui gouverne, continue Daryanto, les musulmans s’emparent des postes de commandement avec pour objectif d’islamiser la politique indonésienne. “Il est consternant de voir comment cette formation, qui était autrefois un groupe politique non-sectaire, a fini dans les dix dernières années par patronner plusieurs projets de lois sur le mariage, le système scolaire national, les tribunaux islamiques : ils sont tous islamiques de nature”.

“Il est regrettable, a dit encore Daryanto, que les catholiques qui siègent dans les assemblées législatives, en particulier ceux qui représentent les électeurs de la province à majorité catholique de Nusa Tenggara de l’Est, aient favorisé des projets de lois auxquels leurs électeurs sont opposés”.