Eglises d'Asie

Après Ayodhya : réactions dans le monde musulman asiatique

Publié le 18/03/2010




Beaucoup de pays d’Asie où la population musulmane est nombreuse voire majoritaire, ont réagi vivement à la destruction de la mosquée d’Ayodhya par les militants hindouistes. En Inde même, le sommet des nations du Sud-est asiatique, qui devait rassembler les représentants du Pakistan, du Bangladesh, de Sri Lanka, des Maldives, du Népal et du Bhoutan, à partir du 12 décembre 1992, a été repoussé au mois de janvier 1993. Seule une réunion préparatoire aura lieu à Dacca à cette date.

Au Pakistan, des émeutes ont éclaté un peu partout dans le pays. Plusieurs dizaines de temples hindous ont été détruits. Dans la ville de Loralai, au sud-ouest du pays, six enfants de moins de six ans, qui s’étaient réfugiés dans un temple, ont été lapidés. On déplore au moins quarante morts dans l’ensemble du Pakistan. Le gouvernement a lancé un ordre de grève générale en signe de protestation.

Au Bangladesh, une trentaine de temples hindous ont été détruits, des maisons privées incendiées, tandis que des pillages étaient signalés en plusieurs endroits. Le 11 décembre 1992, on y comptait déjà une dizaine de morts. En Afghanistan aussi, les foules en colère s’en sont prises aux temples hindous.

En Indonésie, le “Nahdlatul Ulama”, l’organisation musulmane la plus importante du pays, a publié une déclaration, le 9 décembre 1992, dans laquelle les musulmans indonésiens sont invités à “éviter toute expression, attitude ou acte qui pourrait briser l’harmonie entre croyants de religions différentes et nuire à la paix nationale

De son côté, la Malaisie a demandé à l’Inde de s’engager à faire le nécessaire pour que les musulmans indiens puissent continuer à jouir de la liberté religieuse. Le ministre malaisien des Affaires étrangères, Abdullah Ahmad Badawi, a insisté pour que le gouvernement indien prenne des mesures de protection des mosquées et autres monuments islamiques.

A Hongkong, le soir du 8 décembre 1992, une manifestation de deuil et de protestation a réuni plusieurs centaines de personnes à la mosquée de Kowloon. Les responsables de la communauté islamique du territoire ont invité les participants à garder leur calme. Le porte-parole de la mosquée a demandé qu’aucune procession ou manifestation publique ne soit organisée, pour éviter toute violence. En même temps, on décidait d’envoyer au gouvernement indien, par l’intermédiaire du Haut-commissariat de l’Inde à Hongkong, le message suivant : “Nous savons qu’en Inde, de nombreuses personnes font tout ce qu’elles peuvent pour sauvegarder l’harmonie entre les diverses communautés, en particulier entre les hindous et les musulmans. Nous espérons que le gouvernement soutiendra les efforts de ceux qui travaillent pour la paix et la coexistence, dans l’intérêt de la prospérité nationale”. Cela n’a pas empêché une trentaine de musulmans de se répandre dans le centre commercial voisin, les “Chunking Mansions”, où sont établis de nombreux commerçants hindous. Plusieurs d’entre eux, craignant des violences, avaient préféré fermer boutique.

L’Association hindoue de Hongkong s’est jointe aux Indiens musulmans du territoire pour demander au gouvernement de Delhi de traduire en justice les responsables de la tragédie d’Ayodhya. Les hindous de Hongkong se disent bien décidés à préserver l’harmonie qui a toujours régné entre les deux communautés. Le président de l’association, M. Kevelram Sital, reconnaît que les événements d’Ayodhya ont été “une véritable tragédie”, dont les causes sont politiques plutôt que religieuses. Il ajoute: “Nous voulons que nos bonnes relations se poursuivent malgré tout. Nous avons affaire à des gens qui essaient d’utiliser une situation religieuse pour un profit politique. Nous devons dépasser ce mal et faire croître l’amitié

A Bangkok, M. Nopparat Boonchitti, secrétaire de l’Association hindoue de Thaïlande, a déclaré que des menaces étaient parvenues à son organisation. Des mesures de surveillance et de protection des temples hindous ont été prises par la police.