Eglises d'Asie

Les autorités politiques s’inquiètent publiquement de l’aggravation des tensions interreligieuses

Publié le 18/03/2010




Les rapports des commissariats de Jakarta le révèlent : la police a dû intervenir 127 fois au cours des onze premiers mois de 1992 pour rétablir l’ordre après des manifestations étudiantes qui menaçaient de finir en confrontations violentes entre musulmans et chrétiens. Ces incidents ont provoqué la mort de neuf personnes et plusieurs dizaines de blessés. 968 étudiants ont été arrêtés et 135 d’entre eux sont encore détenus.

S’ajoutant à ce qui avait déjà été exposé lors des questions posées au parlement à la fin du mois de novembre 1992 sur la mise à sac de plusieurs églises chrétiennes à Java et à Sumatra (6), ces dernières révélations expliquent l’inquiétude montante des milieux politiques indonésiens à l’égard de conflits qui pourraient être destructeurs pour l’unité de l’Indonésie.

Le quotidien « Kompas » du 7 décembre 1992 rapporte que le général Kentot Harseno, commandant de la région militaire de Jakarta, s’est adressé à plus d’un millier de leaders musulmans de la capitale pour les exhorter à la tolérance, car la situation est devenue explosive : « Il serait dommage pour nous, croyants musulmans, qui sommes si nombreux dans ce pays, de tomber dans l’intolérance et de nous faire des ennemis de nos frères des autres religionsAu cours de la même réunion, le lieutenant-colonel Permana, porte-parole de la région militaire, a déclaré que, le samedi 5 décembre 1992, la police de Jakarta avait arrêté 15 étudiants qui voulaient attaquer une école parce qu’on leur avait dit qu’un de ses élèves avait brûlé un coran: « Nous avons enquêté sur la rumeur et découvert qu’elle était sans fondementa ajouté le lieutenant-colonel.

Le 7 décembre 1992, s’adressant cette fois à des responsables bouddhistes, chrétiens et hindous, le général Kentot Harseno a développé les mêmes thèmes en s’appuyant sur l’Evangile de Matthieu et l’enseignement du Bouddha. Entre croyants de religions différentes, a-t-il dit, l’harmonie et l’amitié sont fondamentales.

De son côté, le quotidien « Jakarta Post » rapporte un avertissement du ministre de l’Intérieur aux divers groupes religieux. Il leur demande de se garder de comportements qui pourraient être perçus comme agressifs par les autres religions. Il critique en particulier ceux qui construisent des édifices dans des endroits où ils n’ont pas d’adeptes.

Le président Suharto lui-même a commenté la situation, le 7 décembre 1992, donnant ainsi la mesure de l’inquiétude des milieux politiques indonésiens : « Toutes les religions jouissent de l’égalité des droits en Indonésie. Si j’en parle aujourd’hui en particulier, c’est que nous sommes déterminés à faire des religions la base spirituelle et morale de notre développement national. Les conflits sectaires entre religions peuvent créer le chaos dans tout le pays. Nous devons prendre conscience que si nous tombons dans le piège de ces conflits, nous ne pourrons en sortir qu’avec des blessures inguérissables