Eglises d'Asie

Pour le Parti, l’Eglise bouddhique unifiée du Vietnam n’existe plus

Publié le 18/03/2010




Un document émanant du comité central du Parti communiste vietnamien concernant le bouddhisme en ce pays vient d’être connu en France grâce à sa publication par le comité directeur pour l’Europe de l’Eglise bouddhique unifiée vietnamienne. Ce texte, rédigé par la commission de l’action populaire (13), est daté du 17 août 1992 et porte la mention « secret ». Il informe ses destinataires du jugement porté par les plus hautes instances du Parti sur les manifestations d’indépendance de l’Eglise bouddhique unifiée qui se sont multipliées au cours de l’année 1992. Il renferme aussi un certain nombre de directives à appliquer pour y faire face.

Un premier incident avait opposé des religieux de l’Eglise bouddhique unifiée aux autorités lors du décès du vénérable Thich Dôn Hâu, survenu le 23 avril 1992, à Huê (14). Les amis du défunt avaient refusé les funérailles nationales que voulait lui organiser l’Etat. A cette occasion, un des principaux dirigeants du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, réussit à quitter le Centre-Vietnam où il est exilé depuis février 1982, pour participer aux obsèques du religieux qui eurent lieu le 3 mai 1992. Il y prononça une allocution où il affirmait la légitimité de l’Eglise bouddhique unifiée, tout en protestant contre les persécutions dont elle est l’objet et contre la création par le pouvoir d’une Eglise bouddhique d’Etat en 1981.

Le vénérable Thich Huyên Quang avait ensuite regagné le lieu de son exil dans le Quang Ngai, avec le titre et le sceau de « recteur de l’Institut de propagation du Dharma » (Conseil exécutif du bouddhisme unifié). Depuis, il a rédigé trois lettres ouvertes reprenant les thèmes de l’allocution des obsèques (15). La dernière d’entre elles met très vigoureusement en question la politique religieuse du Parti et de l’Etat vietnamiens.

Le document du comité central du Parti, après avoir rappelé l’affaire des obsèques du vénérable Thich Dôn Hau ainsi que les diverses prises de position de Thich Huyen Quang, dénie à ce dernier le titre de « recteur de l’Institut de propagation du Dharma » que le religieux affiche désormais. Le document déclare ensuite que toutes les sectes et les branches du bouddhisme ont été unifiées en 1981 et se sont fondues en une seule organisation, « L’Eglise bouddhique du Vietnam ». Il n’y a donc plus lieu de parler d’Eglise bouddhique unifiée.

Suivent un certain nombre de directives. Les unes visent à limiter l’action et l’influence du religieux rebelle. Les autres recommandent aux autorités locales de faciliter le déroulement du Congrès de la seule association bouddhique légale, l’Eglise bouddhique du Vietnam, et de veiller à ce qu’aucun mauvais élément ne vienne troubler les travaux de cette assemblée.