Eglises d'Asie

L’interdiction des groupes religieux extrémistes inquiète les observateurs

Publié le 18/03/2010




Un sociologue catholique, le P. Walter Fernandez, s.j., du Centre d’études sociales de New Delhi, s’inquiète des conséquences possibles de l’interdiction, par le gouvernement fédéral, de plusieurs organisations extrémistes hindoues et musulmanes.

Les leaders militants hindous emprisonnés quelques jours après les événements d’Ayodhya “risquent de devenir des martyrs”, explique le religieux et la décision gouvernementale en deviendrait “ridicule et inutile”. Il ajoute: “Si le gouvernement est sincère lorsqu’il met hors la loi les organisations extrémistes, pourquoi ne l’a-il pas fait avant la destruction de la mosquée ? Et pas seulement pour deux ans, mais une fois pour toutes?”

Dès le 10 décembre 1992, le premier ministre, M. Narasimha Rao, interdisait en effet trois organisations hindouistes et deux groupes musulmans fondamentalistes pour deux ans. Mais, selon un journaliste influent, M. Arun Shourie, “on nous jette de la poudre aux yeux et cette mise hors la loi risque de faire pencher les membres les plus modérés des organisations concernées du côté des ‘faucons'”. Un éditorialiste du journal “Economic Times”, M.S.A. Aiyar, écrit: “Cette décision ne fera qu’encourager les groupes terroristes hindous et musulmans à travers le pays. Aucun gouvernement ne peut extirper le sectarisme ni le militantisme religieux de l’esprit des citoyens”.

Les réactions à la décision d’interdiction prise par le gouvernement n’ont pas tardé: “Nous allons mobiliser l’opinion publique”, dit M. O.P. Kohli, leader du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangha : organisation de volontaires hindous nationalistes) et président du BJP (Bharathiya Janata Party: le parti politique lié au RSS) pour l’agglomération de New Delhi. M. Kohli ajoute: “Le fondamentalisme est un fait. Il existe dans le monde entier. Il ne faut pas s’étonner qu’il soit à la mode aussi en Inde. Après tout, les hindous forment 82% de la population indienneUne manifestation populaire, organisée par le BJP, a eu lieu à New Delhi et a été sévèrement réprimée par la police. Une motion de censure présentée au parlement fédéral par le même parti a été repoussée de justesse.

Le RSS possède plus de 35 000 centres à travers l’Inde et rassemble quelque deux millions et demi de membres actifs. Responsable de l’assassinat, en 1948, du Mahatma Gandhi, il a déjà, par deux fois, été mis hors la loi : en 1948 et en 1975.