Eglises d'Asie

Réunion au sommet après les violences entre musulmans et chrétiens

Publié le 18/03/2010




Le ministre des affaires religieuses et les responsables nationaux des cinq religions reconnues en Indonésie se sont rencontrés le 9 décembre 1992 pour discuter des violences interreligieuses qui viennent de secouer le pays (4).

En effet, au cours du mois de novembre, des églises catholiques et des temples protestants ont été saccagés par des foules musulmanes à l’est de Java et au nord de la province de Sumatra. A Jakarta, des écoles chrétiennes ont reçu des menaces par téléphone contre leurs bâtiments et leurs élèves. Le 28 novembre, la police a arrêté, dans le voisinage de la cathédrale de Jakarta, 75 jeunes lycéens musulmans porteurs de revolvers, de coutelas et de cocktails molotov. Au dire du ministre des affaires religieuses, Munawir Sjadzali, ces violences ont été provoquées. Il a demandé aux responsables des religions de rester vigilants à l’égard de ceux qui cherchent à détruire l’unité nationale.

Ces personnalités présentes à la réunion étaient : Mgr Leo Soekoto, archevêque de Jakarta, représentant de la conférence épiscopale d’Indonésie, M.Sudjono, membre du Conseil islamique des ulémas d’Indonésie, M.Narendra, du “Parisada Hindu Dharma”, et le vénérable Girirakkhito Maha Thera, de l’association des bouddhistes indonésiens. Parmi les hauts fonctionnaires du ministère des affaires religieuses également présents se trouvait le général Ignatius Iman Kuseno Mihardja, directeur du département des affaires catholiques.

A la demande des chefs religieux, des compléments d’information furent apportés. Au dire du ministre, un incident survenu à Java a eu pour cause le comportement d’un groupe extrémiste chrétien qui a provoqué la colère des musulmans. Un article du bulletin d’un groupe fondamentaliste chrétien, l’Eglise de Bechtel, a en effet reproduit un témoignage rempli d’insultes contre l’islam donné par un évangéliste devant le tribunal de Surabaya en 1991. A la lecture de l’article, les musulmans du district de Pasuran ont brûlé et saccagé trois temples protestants le 20 novembre, dont deux n’avaient aucune relation avec l’Eglise de Bechtel.

Dans d’autres cas, toutefois, a révélé M.Sjadzali, les musulmans ont été excités contre les chrétiens par des documents fabriqués et des accusations mensongères. Par exemple, les cris et les menaces d’étudiants de Jakarta ont été suscités par des tracts anonymes distribués dans les institutions musulmanes, accusant des étudiants chrétiens d’avoir brûlé le Coran. Or, ajoute le ministre des affaires religieuses, aucun rapport authentique ne fait mention d’exemplaires du Coran brûlés.

D’après certaines sources, un autre document mensonger a présenté les plans d’un ambitieux programme d’évangélisation, attribué à la Communion des Eglises protestantes d’Indonésie. Il y était question de convertir au christianisme la moitié des 180 millions d’habitants de l’Indonésie en l’espace de 25 ans (5). “Ce document est un faux”, a dit un responsable de la Communion des Eglises protestantes. “Le texte que nous avons entre les mains affirme qu’il a été rédigé à l’occasion d’une réunion de nos dirigeants, le 1er septembre 1991 à Batu, Malang, Java de l’Est. La Communion des Eglises protestantes n’a tenu aucune réunion à cette date”.

Mgr Soekoto a dit après cette rencontre des responsables des religions qu’elle a contribué à maintenir entre eux d’harmonieuses relations. Mais, a ajouté l’archevêque de Jakarta, “nous devons nous efforcer davantage à rendre plus tolérants nos fidèles respectifs”. Si les chefs religieux sont incapables de contrôler ceux de leurs fidèles qui créent des incidents et des conflits, “qu’ils remettent ces provocateurs aux autorités pour qu’ils soient traités conformément aux lois”.