Eglises d'Asie

Démographie et religion : la propagande mensongère des extrémistes hindous

Publié le 18/03/2010




Dans un article publié le 25 décembre 1992 par le quotidien de Bangalore “The Deccan Herald”, M. Mohan Rao rappelle les événements tragiques qui ont suivi, dans toute l’Inde, la destruction de la mosquée d’Ayodhya (13). A ce propos, il écrit: “Ces événements traumatisants ont une fois de plus montré la puissance des mythes”. L’un de ceux-ci est précisement l’accroissement démographique selon les religions. Depuis plusieurs années, en effet, certains cherchent à faire croire que la population musulmane s’accroît plus rapidement que la population hindoue. Ce qui contribue à créer une réaction de peur dans cette dernière.

Et de donner les raisons habituelles qui prétendent expliquer cette soi-disant différence. Les musulmans, dit-on, ont le droit d’avoir plus d’une femme, alors que les hindous, en principe, ne peuvent en avoir qu’une seule. L’hindouisme ne s’oppose pas au contrôle des naissances, contrairement à l’islam. En conséquence, le taux de natalité est plus élevé chez les musulmans que chez les hindous. Il faut s’attendre à ce qu’un jour ceux-ci deviennent moins nombreux que ceux-là.

Or, selon des statistiques officielles publiées en 1971 par l’organisme gouvernemental responsable du recensement de la population, on trouverait, chez les hindous, 5,80% de ménages polygames, contre 5,73% chez les musulmans. On ne peut donc prétendre que la bigamie, ou la polygamie, est plus fréquente chez ces derniers en raison de leur religion.

En ce qui regarde le contrôle des naissances, dans une étude publiée en 1978 et intitulée “L’islam s’oppose-t-il au contrôle des naissances?”, M. M.E.Khan répond clairement par la négative. De nombreux théologiens musulmans partagent son opinion. Ce qui semble confirmé par le nombre de couples faisant usage de contraceptifs en plusieurs pays musulmans: ils seraient 63% en Turquie, 48% en Indonésie, 38% en Egypte. En Inde même, on considère qu’ils sont 23%, d’après une étude publiée à Baroda (Etat du Gujarat) en 1991. Qu’en est-il, en fait, du taux de natalité, dans chaque religion ? Une enquête ordonnée par le ministère de l’intérieur et dont les résultats furent publiés en 1976 à Delhi, a montré que si, en effet, les musulmans ont un taux de natalité supérieur à celui des hindous, cette différence est minime, comparée à celle qui existe entre les taux de la campagne et ceux des villes. On peut en conclure que les facteurs religieux ne sont pas les seuls à exercer une influence sur le taux de natalité: ils ne sont même pas les plus importants.

La même enquête du ministère de l’Intérieur a étudié le taux de fécondité par rapport au revenu, ou plutôt aux dépenses mensuelles “per capita”: il diminue à mesure qu’augmente le revenu familial. Il est donc permis de se demander si le niveau économique plus élevé des hindous n’explique leur taux de fécondité légèrement plus faible.

D’après une étude faite par M. P.S. Bhatia et publiée en janvier 1992, la population hindoue a augmenté de 23,71% de 1961 à 1971 et de 24,42% entre 1971 et 1981: le taux de croissance a augmenté de 0,7 point entre les deux décennies. Entre 1961 et 1971, la population musulmane a augmenté de 30,85% et de 30,20% de 1971 à 1981: le taux de croissance a donc faibli d’une décennie à l’autre, ce qui rend improbable que les musulmans deviennent un jour plus nombreux que les hindous.

Il faut noter, par ailleurs, qu’au Kerala où les musulmans forment 40% de la population le taux de natalité est très inférieur à celui de l’Uttar Pradesh (où se trouve Ayodhya), qui ne compte que 15% de musulmans. Goa qui possède le plus haut pourcentage de catholiques, est aussi l’une des régions où le taux de natalité est le plus bas. Si l’on examine les faits rationnellement, on est donc contraint d’admettre que la religion n’est pas le facteur déterminant dans la croissance de la population.