Eglises d'Asie

Deux religieux bouddistes, interrogés par la police, menacent de s’immoler par le feu

Publié le 18/03/2010




Dans deux lettres diffusées en France par le “Comité Vietnam pour la défense des droits de l’hommedeux religieux bouddhistes protestent contre les interrogatoires intensifs et répétés auxquels la police d’Etat les a soumis durant les mois de novembre et de décembre 1992. Tous deux expriment leur intention de s’immoler par le feu si les persécutions actuelles continuaient. Les deux religieux rapportent que les questions qui leur ont été posées au cours des séances de travail (18) ont porté principalement sur le testament spirituel du vénérable Thich Don Hau, mort le 23 avril 1992 à Huê (19). Dans l’expression de ses dernières volontés, cet éminent religieux affirmait la nécessité de restaurer l’Eglise bouddhique unifiée du Vietnam que l’Etat vietnamien a voulu évincer en créant en 1981 l'”Eglise bouddhique du Vietnamassociation patronnée et contrôlée par lui. Mais la police prétend que ce “testament” aurait été fabriqué “par hostilité à l’Eglise bouddhique d’Etat.”

L’auteur d’une des deux lettres, datée du 15 décembre 1992, est le vénérable Thich Nhât Liên, 70 ans, religieux dans une pagode de la ville de Xuân Lôc, province du Dong Nai. Il affirme avoir été obligé de “travailler” pendant neuf jours consécutifs, du 2 au 12 décembre, et avoir résisté aux policiers qui voulaient le forcer à affirmer que le testament n’était qu’un faux. Ces interrogatoires l’ont épuisé et il confie qu’il n’aurait pu les supporter plus longtemps. Le religieux rapporte aussi qu’à l’issue de ces séances, les agents de la sûreté ont décidé d’assurer “sa protection” et pour cela “ont investi cour et bâtiments de sa pagode”.

L’autre lettre, datée du 10 décembre, se présente comme une lettre d’adieu; elle a été écrite par le vénérable Thich Tri Tuu, religieux à la célèbre pagode de Linh Mu située sur les bords de la rivière des parfums à Huê. Il se proclame “le plus proche et plus fidèle disciple depuis 17 ans” du vénérable Thich Don Hau. Depuis le 17 novembre 1992, il a été constamment convoqué par la police et n’a cessé de proclamer la parfaite authenticité du testament de son maître, Thich Don Hau. Il est prêt “à transformer son corps en torche vivante pour éclairer la vérité”.

Quelques jours après la diffusion de ces lettres en France, le 28 décembre 1992, le porte-parole du ministre vietnamien des affaires étrangères rejetait ce qu’il appelait “des accusations calomnieuses” et “appelait le public à la vigilance à l’égard des personnes qui commettent des actes de sabotage, de provocation et de division religieuse” (20). Le communiqué du gouvernement vietnamien ne rentre pas dans les détails. En particulier, il ne discute pas de l’authenticité de ces lettres pas plus d’ailleurs que de celle d’un autre document également diffusé en France, contenant les directives du Comité central du parti communiste dans l’affaire du religieux Thich Huyên Quang (21).