Eglises d'Asie

Un certain nombre d’indices révèlent l’existence de chrétiens « clandestins »

Publié le 18/03/2010




On sait que deux églises, l’une catholique et l’autre protestante, ont été bâties par le gouvernement à Pyongyang (10). Elles ne sont ouvertes que lors des visites d’étrangers. En dehors des gens qui s’y rassemblent à la demande des autorités, il subsiste des chrétiens « clandestins » en Corée du Nord parmi lesquels quelques milliers de catholiques et plusieurs dizaines de milliers de protestants.

La constitution nord-coréenne de 1972 proclame le droit de se réunir, de s’associer, de manifester, ainsi que la liberté de parole, de la presse et des croyances religieuses. Mais ces libertés fragiles sont neutralisées par l’obligation faite aux citoyens « d’observer les règles de la vie socialiste et le code socialiste de conduite » et « de défendre le socialisme contre les activités subversives des ennemis de l’intérieur et de l’extérieurEn fait, toutes les religions ont subi une cruelle répression. Aussitôt après la partition de la péninsule, le régime de Corée du Nord a détruit toutes les églises, jeté en prison ou exécuté tous les chrétiens et brûlé toutes les bibles.

Et pourtant l’Eglise a survécu, on ne sait comment. Le gouvernement reconnaît lui-même l’existence d’une Eglise clandestine; en 1980 il admettait le chiffre de 10 000 protestants. Il y en a certainement davantage aujourd’hui. Une organisation évangéliste américaine d’assistance à l’Eglise de Corée du Nord, « Cornerstone ministries international », a identifié 30 000 croyants. Le nombre des catholiques est très inférieur, de l’ordre de quelques milliers voire seulement de quelques centaines. On pense qu’il n’y a pas un seul prêtre catholique.

Dans la capitale, subsistent deux églises qui appartiennent à la fédération chrétienne sous contrôle gouvernemental : Bong Soo (protestante) et Chang Chun (catholique). Mais elles ne sont en rien comparables aux églises laissées ouvertes en Chine où le gouvernement tolère, non sans restrictions, une certaine activité. Les deux églises de Corée du Nord ne sont ouvertes que pour la façade, on y célèbre des services seulement dans les occasions où Kim Il Sung veut montrer à des étrangers l’image d’une société ouverte et tolérante (11). « Les gens ne peuvent pas entrer librement dans ces églises, explique un observateur. Ceux qui assistent aux cérémonies sont recrutés par contingents comme les haies de spectateurs quand Kim part en voyage ou revient au pays. Les portes restent fermées tant qu’il n’y a pas d’étranger en villeDe 120 à 140 personnes assistent à chaque service religieux. « Le nombre dépend du genre de spectacle qui est montéUn étranger qui a pris des photos au cours de cérémonies à l’église catholique et à l’église protestante a repéré de part et d’autre les mêmes participants.

Au témoignage du directeur de « Cornerstone ministries international », au cours des dernières années, plus de cent tonnes de bibles ont été envoyées en Corée du Nord et dans la Chine du nord-est, parfois en feuilles détachées, et distribuées de la main à la main par des centaines de personnes. De nouveaux envois sont préparés pour 1993, avec des ouvrages de théologie, des recueils de prêches, des cassettes. La même organisation émet des programmes religieux pour la Corée du Nord depuis une station de radio russe qu’elle envisage de racheter.