La présence de plusieurs personnalités du parti du Congrès venues apporter leur soutien à la communauté chrétienne et qui ont nommément attaqué le chef de « l’armée de Shiva », M. Bal Keshava Thackeray, a donné à la manifestation une note politique.
Le même jour, M. Thackeray présidait une cérémonie organisée pour accueillir des chrétiens dans l’hindouisme. Un écrivain, M. Balasaheb Gaikwar, auteur d’un livre très critique contre le christianisme et son clergé, avait promis d’amener ce jour-là cinq mille dalits chrétiens. Mais personne ne l’accompagna à la cérémonie, dont il fut le seul participant « reconverti » à l’hindouisme. Dans son discours, M.Thackeray s’en prit avec violence aux missionnaires chrétiens, qu’il accusa de convertir les hindous par la force. Jusqu’alors il avait surtout attaqué les musulmans, qu’il accusait du même crime.
Selon plusieurs rapports, « l’armée de Shiva » est en partie responsable des graves désordres qui se sont produits à Bombay pendant plusieurs jours à partir du 5 janvier 1993 (2). Plus de six cents personnes furent tuées, des dizaines de milliers de musulmans ont quitté la ville pour fuir la violence. M.Thackeray a lui-même demandé publiquement que tous les musulmans soient chassés de Bombay. « Je veux leur donner une leçona-t-il dit au cours d’une interview au magazine américain « Time ». « Ils ne sont pas disposés à accepter la loi de ce pays. Ils refusent le contrôle des naissances. Ils veulent imposer à mon pays la loi islamique. Je ne vois rien de mal à ce qu’ils soient traités comme les juifs l’ont été en Allemagne ».
Ces déclarations ne sont pas nouvelles. Peu après la fondation de son « armée » en 1966, quand ses « soldats » s’attaquaient à Bombay aux syndicats d’obédience communiste, M. Thackeray réclamait déjà qu’on réserve l’Etat du Maharasthra, dont Bombay est la capitale, aux habitants de langue marathi. C’est surtout aux immigrants venus des Etats du sud de l’Inde qu’il s’en prenait alors. « L’armée de Shiva » a conquis la municipalité de Bombay en 1985. Un leader du mouvement étudiant islamique n’hésite pas à décrire l’organisation fondamentaliste hindoue comme « une force totalement fasciste